Ce billet est publié simultanément sur le nouveau blogue collectif “Voix de gauche” qui a été lancé le 1er mai dernier. Je vous invite à visiter ce nouveau site qui présente des billets de Louis Préfontaine, Jimmy St-Gelais, Carl Boileau et Francis Lagacé. Bientôt, d’autres chroniqueurs se joindront à cette initiative où les progressistes du Québec se donnent rendez-vous.
Depuis l’apparition du Rassemblement pour l’Indépendance Nationale (RIN) dans les années 60, le moins qu’on puisse dire c’est que la gauche a fait bien du chemin au Québec. Elle s’est naturellement associée au mouvement indépendantiste, elle a permis la naissance d’un nombre incalculable de groupuscules et a été associée au Parti Québécois pendant plus de 25 ans. Cependant, même si les idées progressistes se font sentir un peu partout dans le quotidien, la gauche n’a jamais été en mesure de se tailler une place importante sur l’échiquier politique québécois.
La fusion d’Option Citoyenne et de l’Union des Forces Progressistes (UFP), permettant la naissance de Québec solidaire, est peut-être le signe que la gauche québécoise est prête à se réconcilier et à mettre un peu d’eau dans son vin. Pour une rare fois, plusieurs tendances ont décidé d’unir leur forces et leurs talents pour jouer le jeu électoral, et cette décision a permis l’élection d’Amir Khadir à l’Assemblée Nationale. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que le représentant de Mercier est un député exemplaire, à la hauteur du rôle qu’on lui a confié. Rôle qu’il méritait fort bien d’ailleurs.
Lors d’une table ronde organisée par l’Institut du Nouveau Monde cette semaine, Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins, lança l’idée que la crise économique actuelle est une opportunité; que les citoyens ont l’occasion de faire entendre haut et fort leur mécontentement face au système économique, qui connaît sa septième crise en 35 ans. Non seulement pouvons-nous exiger des changements majeurs pour nous protéger des ambitions de quelques-uns, mais nous pouvons, et nous devons proposer de nouvelles façons de faire. Inutile de viser l’utopie, des changements peuvent être introduits très rapidement. Il faut croire en la possibilité de changer le monde, ne serait-ce que par de petits gestes.
La grande majorité des québécois ont désavoué les libéraux fédéraux suite au scandale des commandites. La plupart d’entre nous avons refusé la formation d’un gouvernement conservateur. Nous avons également endossé l’élection de Barack Obama et la fin du règne belliqueux de la droite républicaine. Ces jours-ci, les médias nous font voir un gouvernement Charest embourbé dans les conflits d’intérêts et un entêtement excessif envers les partenariats avec l’entreprise privée. C’est une opportunité pour la gauche de dénoncer un monde politique déconnecté du peuple et pour exiger des comptes aux affairistes et aux spéculateurs qui n’hésitent pas à piger dans les fonds publics et les caisses de retraite.
Le néolibéralisme plie les genoux. La porte est grande ouverte à un réel équilibre des forces entre les citoyens, l’état et le monde des affaires. Lors de cette activité de l’INM, Claire Bolduc, de Solidarité rurale, a invité les citoyens à se prendre en main en s’inspirant des combats que mènent les régions du Québec, elles qui vivent une crise économique depuis 10 ans. Contrairement à certaines idées de droite qui circulent ces temps-ci, tous les citoyens ont droit à une vie décente. Je crois qu’il est de notre devoir de s’assurer que tous les québécois aient accès à une éducation de qualité et à des services de santé gratuits, détachés de toute ambition commerciale. Nous avons le choix entre une solidarité qui permet le partage ou une approche individualiste qui favorise, encore une fois, les mieux nantis de notre société.
Photo: Ascarel – Flickr