lutopium

Posts Tagged ‘Joanne Marcotte’

Les amis de Monsieur Caire

Posted by lutopium sur 26 avril 2009

Nos amis adéquistes ont bien hâte de voir la campagne à la chefferie prendre son envol et espèrent qu’elle provoquera une couverture médiatique propre à ce genre d’évènement. Après les annonces d’Éric Caire et de Christian Lévesque, voilà que Gilles Taillon devrait annoncer sa candidature dès demain.

J’ai vérifié les blogues adéquistes, conservateurs ou tout simplement de droite afin de voir si un consensus s’y développait, si une candidature recevait plus d’appuis qu’une autre. À l’exception de quelques témoignages de sympathie, les blogueurs sont encore timides et semblent vouloir attendre encore un peu avant d’officialiser leurs positions. Certains souhaiteraient l’arrivée d’un Paul-Daniel Muller, d’un Maxime Bernier ou de toute autre personnalité bien connue du public avant de confirmer leur choix. La plupart semblent déçus du fait que les trois candidats actuels ne penchent pas assez vers la droite, les qualifiant parfois d’interventionnistes ou de sociaux-démocrates révisionnistes.

Si aucune autre candidature ne se concrétise au cours des prochaines semaines, la lutte qui se dessine déjà entre les équipes d’Éric Caire et de Gilles Taillon pourraient donner le ton à la campagne à la chefferie. On semble dire que M. Caire est beaucoup plus proche de l’exécutif national et qu’il a beaucoup de « liens naturels » avec l’équipe qui gravitait autrefois autour de Mario Dumont. Chose certaine, les deux équipes semblent être enracinées dans la région de Québec, château-fort du parti où l’énergie militante semble être la plus solide.

Du côté de M. Caire, Richard Merlini et François Benjamin agiront en tant que co-présidents de la campagne. Tous les deux furent députés de l’ADQ dans la cuvée 2007-2008, représentant les électeurs de Chambly et Berthier. Ils seront assistés par Roger Picard, président de l’association des membres de l’ADQ dans le comté de Chauveau, ancien comté de Gilles Taillon… Finalement, l’équipe pourra compter sur la participation de l’économiste Denis Julien qui agira en tant que responsable du comité de réflexion (sic). Même si le groupe pourra compter sur deux anciens députés de la Montérégie et de Lanaudière, la force militante proviendra enocre une fois de la grande région de Québec.

L’avant-scène de la course laisse croire que le parti ressemble à un chapitre des Chevaliers de Colomb mais dans les coulisses, Joanne Marcotte a probablement son mot à dire sur la stratégie de la campagne. Mme Marcotte est la réalisatrice du documentaire-pamphlétaire « L’Illusion tranquille » et membre du défunt Comité Castonguay sur le financement du système de santé québécois. Soulignons également que Mme Marcotte est l’épouse de Denis Julien, ce qui la place indirectement dans le camp de M. Caire. Cependant, comme tout est permis dans les rangs de l’ADQ, elle pourrait toujours se présenter elle-même dans la course et faire un pied-de-nez à son époux. C’est ce qu’on nous rappelle ces jours-ci: on peut avoir du plaisir sous les draps mais se battre chacun de son côté le lendemain…

Il semble donc évident que M. Caire est présentement en tête de peloton. Certains militants sont un peu inconfortables à l’idée de l’endosser car, à leurs yeux, il ne représente pas l’image du politicien de droite, prêt à démanteler l’état tout en faisant la promotion du libre-marché et de la primauté des choix individuels. Qu’à cela ne tienne, M, Caire a décidé de s’inspirer des messages véhiculés par le film de Mme Marcotte pour convaincre les membres de l’ADQ qu’il est un homme de convictions, un homme de droite, celui qui rejette le contrat social que s’est donné le Québec depuis la révolution tranquille.

On verra maintenant si l’ADQ peut aller plus loin que poser des constats sociaux et politiques, si elle peut maintenant proposer des solutions et des alternatives aux institutions qu’elle rejette. Parce que c’est ici l’essentiel de l’illusion tranquille: elle dénonce en présentant des exemples extrêmes qui invitent à disqualifier tout organisme gouvermental qui s’approprie la livraison d’un service particulier. L’illusion tranquille nous invite à adhérer aux principes fondamentaux du mérite, de la compétence et de l’individualisme qui, selon eux, sont les remèdes aux maux de la vie moderne québécoise.

Certes, quelques éléments présentés dans le documentaire provoquent de bonnes réflexions et méritent un débat public. Qui ne remet pas en question, de temps en temps, la lourdeur bureaucratique, les stratégies des syndicats, les privilèges des uns et les exigences des autres. L’équipe d’Éric Caire devra maintenant formuler ces constats et concrétiser de nouveaux modes de « vivre-ensemble » qui permettront à la classe moyenne (la cible) de s’enrichir et de choisir elle-même les méthodes utilisées pour fournir les services de base, quitte à briser les « monopoles » actuels.

Il est fort à parier que les candidats opteront pour un discours modéré. Je ne crois pas que les militants « purs et durs » seront satisfaits des propositions qui seront mises de l’avant. On peut rallier les partisans en utilisant des constats qui font l’unanimité. Cependant, avec cette nouvelle vie qui s’offre à l’ADQ, les militants ne peuvent pas espérer que les électeurs endossent un parti qui ne s’éloigne pas assez du Parti Libéral. La personnalité du chef ne pourra probablement pas assurer la popularité du parti. Ce sont les idées et propositions concrètes qui prouveront si l’ADQ a visé juste. Et on pourra voir, enfin, les distinctions entre la gauche, le centre, et la droite.

Photo: Adam K. Wilcox (du film Le Faucon Maltais) – Flickr

Posted in ADQ, Politique | Tagué: , , , , , , , , , , , , , | 21 Comments »

L’adéculte du chef

Posted by lutopium sur 13 février 2009

Comme tout bon parti politique, l’Action Démocratique du Québec cherchera à profiter au maximum de la couverture médiatique que procure une course à la chefferie. Les journalistes n’hésitent pas à couvrir ce genre d’évènement politique et les faits saillants sont diffusés en direct sur les chaînes d’information continue. Une course à la chefferie permet également à des aspirants inconnus du public de se faire connaître tout en espérant en retirer quelques graines de popularité.

Avec le départ de Mario Dumont, le parti qui porte encore officiellement son nom est à la recherche de son nouveau porte-parole. Certains militants invitent à la patience en rappelant que les membres doivent tout d’abord établir les règles de la course alors que d’autres souhaitent que les activités soient lancées le plus rapidement possible.

David Chrétien, militant adéquiste de longue date et un des blogueurs adéquistes les plus actifs, souligne que « …contrairement au PLQ et au PQ, le parti n’a jamais vécu de course à la chefferie. Donc, il n’y a pas de règles déjà établies à cette fin… ». Actuellement, le juriste Marc-André Gravel est à rédiger les propositions qui viseront à modifier les stauts du parti afin de permettre cet exercice démocratique. Ces propositions devront probablement être entérinées par le prochain conseil national de l’ADQ et c’est alors que nous connaîtrons l’échéancier ainsi que les modalités reliées aux candidatures. Est-ce que les militants exigeront un prix d’entrée pour la course? L’idée est lancée: « …les principaux successeurs éventuels à Mario Dumont ont tous entendu parler d’une somme variant de 20,000 $ à 25,000 $ à verser au parti pour avoir l’opportunité d’être de la course… », comme le souligne le journaliste Simon Boivin du quotidien Le Soleil. La direction du parti ne semble pas tout à fait au courant de la chose. Le nouveau directeur-général de l’ADQ, Simon-Pierre Diamond, réagissait à la nouvelle en déclarant: « …j’ai entendu ça moi aussi. Ce sont des discussions que nous avons (sic)… »

Je me doutais bien que l’ADQ vit actuellement des problèmes financiers. C’est l’impression que je partageais déjà dans un billet publié le 20 janvier dernier. L’état des choses a été confirmé par le député Éric Caire dans une entrevue qu’il accordait cette semaine où il chiffrait la dette du parti à $600,000. Cette situation précaire pourrait peut-être expliquer cette taxe pour les candidats intéressés par la course à l’investiture du parti. Avec cinq ou six candidats, on pourrait récolter plus de $100,000, ce qui permettrait de financer une fin de semaine à la hauteur de l’évènement. Si cette course à la chefferie se tiendrait la semaine prochaine, les candidats en lice seraient: Éric Caire, Claude Roy, François Bonnardel, Sébastien Proulx (autorisation du cabinet Heenan Blaikie requise), Stéphane Gendron (peu probable), Joanne Marcotte, Christian Lévesque et Richard Merlini. Il y aurait peut-être des surprises.

Certaines personnalités québécoises ont été approchées afin de donner un peu de piquant à la succession de Mario Dumont. Elles ont cependant toutes refusé le défi. Malgré les honnêtes efforts des militants, Michel Kelly-Gagnon (ancien président du conseil du patronat), Maxime Bernier, Marie Grégoire, Gérard Deltell et Paul-Daniel Muller (ancien directeur-général de l’IEDM) ont tous décliné l’invitation. Au grand dam de ses membres, l’ADQ a du mal à rassembler les forces de droite et à se donner un second souffle. Le blogueur Suburbain Lucide résume bien la situation:

« …Les adéquistes doivent d’abord faire le deuil de leur chef, mais aussi de celui du culte du chef. Il est impératif pour les militants adéquistes d’apprendre à s’approprier leur parti, et que la parole du chef n’est pas parole d’Évangile. Les militants devront apprendre à contrôler leur parti afin de faire valoir leurs opinions, et apprendre à lutter contre les cliques et les individus qui profitent du manque de vigilence des membres pour s’approprier le parti…  Pour justement avoir à se débarasser des pommes pourries qui se servent de l’ADQ pour faire avancer leur agenda personnel, les miltants adéquistes devront prendre plus de place dans la structure du parti. La constitution du parti n’a jamais prévu les mécanismes d’une course à la chefferie, c’est pas peu dire! »

L’Action Démocratique fait face à son plus grand défi: sa raison même d’exister après le départ de Mario Dumont. Il n’en tient qu’aux membres. Ce parti est la seule formation politique dans laquelle les québécois qui désirent une réduction de la taille de l’état, d’allègements fiscaux, du libre-marché, de la disparition des syndicats, de l’autonomie des écoles, des soins de santé privés – bref de la droite économique et politique, de se regrouper et de formuler des revendications. Ils ne semblent pas se retrouver dans les structures et les propositions du parti Libéral. Les prochains mois seront donc cruciaux pour les militants qui désirent poursuivre le travail. Terminons ce tour d’horizon en reprenant un texte de Martin Masse, publié après la défaite de l’ADQ en 2003:

« On s’illusionne en pensant que c’est un parti politique qui réussira à faire avancer les idées libertariennes au Québec. Si l’on devait représenter de façon schématique l’histoire des positions philosophiques de l’ADQ, on verrait une courbe en zigzag faisant parfois quelques spirales dans les moments d’intense confusion, pour aboutir dans une immense zone noire représentant le vide actuel, ou si l’on veut l’état post-électoral dépressif du pauvre p’tit Mario.

Un gouvernement adéquiste n’aurait probablement enclenché aucune réforme radicale ni réduit la taille de l’état de façon notable. Son amateurisme et l’inexpérience de ses membres auraient entravé sa capacité de gouverner. Mais c’est bien sûr le « néolibéralisme » qui aurait alors été désigné comme la source de cette débâcle, plutôt que l’incapacité de ce gouvernement à vraiment s’attaquer à l’étatisme. Les espoirs immenses qui auraient été investis dans cette jeune équipe auraient été immanquablement déçus.

Mieux valait se débarrasser tout de suite de ces girouettes confuses. C’est bien dommage pour ceux qui voulaient vraiment changer les choses et qui ont cru pouvoir le faire avec ce véhicule. Mais j’ai bien peu de sympathie pour des gens assez naïfs pour s’embarquer dans une telle galère, et qui se refusent à comprendre que la politique est un jeu irrationnel, implacable, en plus d’être par définition un jeu d’étatistes… »

Illustration: nhuthuypro – Flickr


Posted in ADQ, Élections québécoises, Politique | Tagué: , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , | 7 Comments »

Avoir les moyens de ses convictions

Posted by lutopium sur 29 février 2008

Je dois l’avouer, j’ai été agréablement surpris des réactions à la publication du rapport Castonguay.  Je croyais que le gouvernement libéral, même minoritaire, serait sympatique aux recommandations et que le ministre Couillard se montrerait plus réceptif à un système de santé mixte.  Toutefois, même si la plupart des propositions émises par l’équipe de travail ont reçu un accueil plutôt tiède, il faudra être vigilents.  Les entrepreneurs n’ont pas habitude de baisser les bras, surtout lorsque les possibilités d’affaires sont alléchantes…

Le grand perdant dans tout ça?  Mario Dumont et l’Action Démocratique du Québec.  Croyant encore une fois hausser son niveau de popularité aux yeux de l’électorat, son porte-parole en matière de santé, Éric Caire, s’est empressé de monter sur la tribune pour vanter les mérites du rapport et nous annoncer que « les Québécois auront davantage de soins grâce à l’ajout de services privés ».  Même s’il rejette l’idée d’une hausse de taxes, M. Caire exige tout de même la participation du secteur privé.  Mais le système privé, il va le prendre où son fric?  Non seulement gobera-t-il une partie de nos impôts, mais il demandera une franchise, imposera le plafonnement des remboursements, et refusera certaines réclamations…  Et les compagnies d’assurances qui agiront en tant qu’intermédiaires pour le paiement des factures, elles vont faire ça bénévolement?  Quels seront les impacts sur votre salaire si votre employeur décide d’adhérer à des couvertures supplémentaires?  Payez-vous Sicko pour connaître le reste!  Nous faire croire que l’arrivée du privé en santé nous fera économiser de l’argent et accéder aux soins plus rapidement…  c’est nous prendre pour des cons.

« Un prince, et surtout un prince nouveau, qui veut se maintenir, doit bien comprendre qu’il ne peut observer en tout ce qui fait regarder les hommes comme vertueux; puisque souvent, pour maintenir son état dans l’ordre, il est dans la nécessité d’agir contre sa foi, contre les vertus de charité et même contre sa religion.  Son esprit doit être disposé à se tourner selon que les vents et les variations de la fortune l’exigent de lui. » Machiavel – Le Prince

Lorsque Mme Jérôme-Forget a donné le mandat à Claude Castonguay de préparer un rapport sur la question, les deux autres partis politiques ont eu l’opportunité de nommer deux experts pour participer à cette étude et contribuer à proposer des recommandations.  Mario Dumont a alors fait appel à Mme Joanne Marcotte, adjointe administrative et réalisatrice du documentaire pamphlétaire l’Illusion Tranquille.  N’étant pas une politicienne professionnelle ou une économiste de grand renom, Madame Marcotte se montre sincère dans ses prises de position et dans la confiance qu’elle démontre envers les vertus de l’entreprise privée.  Elle représente cependant ce qui est le plus surprenant avec le courant néoconservateur nord-américain : une travailleuse de la classe moyenne qui fait la promotion des idéaux de la classe économique dominante.  Comme beaucoup d’adéquistes et de conservateurs, elle défend avec force et détermination les libertés fondamentales des petits conservateurs : celles qui confortent l’égoisme et l’individualisme parce que, par dessus tout, on doit pouvoir chosir et payer soi-même les services qu’on reçoit, on peut se lancer en affaires et devenir auto-suffisant.  Les salariés deviennent les messagers de l’Institut Économique de Montréal et du Conseil du Patronat.  Comme le faisait remarquer l’américain Thomas Frank lors des élections présidentielles américaines de 2004 :

« Au cours des années 1990, un « populisme de marché » a dominé, inspiré par les stratégies de communication de Wall Street. L’idée centrale était simple : le marché est l’essence de la démocratie, laquelle ne saurait se concevoir sans lui. Puisque nous participons tous au marché – en achetant des actions, en arbitrant entre deux marques de crèmes à raser, en allant voir un film plutôt qu’un autre, les marchés expriment le choix du peuple. Ils nous apportent ce que nous demandons, déboulonnent l’ancien régime, donnent le pouvoir au consommateur. Essayer de les réglementer ou vouloir contrecarrer leur effet ne peut alors constituer qu’arrogance et tentation tyrannique des élites éduquées qui veulent continuer à passer devant tout le monde… »

Les conseillers néophytes de l’ADQ et du Parti Conservateur s’inspirent de plus en plus des stratégies de la droite américaine afin de rallier les travailleurs aux idéaux économiques et de les détourner du traditionnel clivage entre les travailleurs et les patrons, pour finalement les amener à se dissocier de l’ensemble des citoyens qui prônent la solidarité.  Je ne crois pas que la stratégie adoptée par ces deux formations politiques fonctionnera au Québec.  Si on se fie aux traditions humanistes du peuple québécois, il est fort à parier que la position de Mario Dumont sur la privatisation des services de santé ne rejoindra pas celle de la majorité des citoyens.  Ça, Jean Charest, Pauline Marois et Amir Khadir le savaient… 

De toutes façons, Rockland MD s’est tiré une balle dans le pied…

Cet article a été publié sur Un Homme en Colère le 23 février 2008 et sur Cent Papiers le 24 février 2007

Posted in ADQ, IEDM, Parti Conservateur, Parti Libéral | Tagué: , , , , , , , , , , , , | 2 Comments »