Je sais, les lieux géographiques doivent normalement respecter les règles de la langue française et la première lettre du nom doit utiliser la majuscule. Je reconnais également que ce film n’était pas à la hauteur de son prédécesseur « À la poursuite du diamant vert ». Mais, que voulez-vous, j’ai décidé de me permettre cet écart de language suite à la parution du billet du député de Marguerite-d’Youville sur le site du journal citoyen Cents Papiers.
Le jeune député adéquiste nous a confié qu’il espère que « son élection redonnera confiance aux jeunes dans le politique ». Certes, il apporte de bons arguments – que nous avons entendu auparavant et ailleurs – qui nous expliquent un peu pourquoi les jeunes ne s’impliquent pas dans les partis politiques. On ne peut pas contredire le fait que les jeunes se sentent plutôt interpellés par les luttes environnementales, les manifestations contre la guerre, la solidarité internationale, les enjeux humanitaires et autres nobles causes. Quant à moi, rien de nouveau dans ces constatations. Je me rappelle des « rallyes pour le tiers-monde » et des manifestations contre le nucléaire dans les années 70 et 80, ces évènements étaient beaucoup plus populaires que les congrès annuels des partis politiques. Quand on se retrouve à la fin de l’adolescence, on rêve d’un monde meilleur, de changements extraordinaires, d’une grande fête universelle…
Celui qui détient le record du plus jeune membre de l’Assemblée Nationale du Québec aurait pu consulter l’étude publiée par Élections Canada qui tente d’expliquer pourquoi tant de citoyens s’abstiennent de voter. Voici quelques raisons qui ont été soulevées par les répondants à ce sondage réalisé en 2003:
Les jeunes sont cyniques ou désenchantés de la politique, dégoûtés « des fausses promesses, de la malhonnêteté, de l’hypocrisie, de la corruption et du négativisme » qui caractériseraient la vie politique, et réfractaires à participer à un exercice « inutile ».
Ils manquent de confiance envers les candidats, les partis ou le gouvernement, ou n’aiment simplement pas ce qui se fait (ou ne se fait pas) en politique.
Après avoir vu défiler les accusés de la commission Gomery au petit écran, constaté que certains chefs de partis reçoivent des rénumérations doûteuses et appris que de hauts-fonctionnaires vivent comme des pachas, il n’est pas surprenant que les jeunes sont de plus en plus cyniques face au monde politique. On s’entend pour dire que ça rejoint la majorité de la population, peu importe l’âge!
En ce qui concerne les raisons qu’ils l’ont amené à s’impliquer dans un parti politique, je ne comprend pas pourquoi M. Diamond n’a pas mentionné – comme il l’avait fait lors de son passage à Bons Baiser de France l’an dernier – que son père était activement impliqué en politique, ce qui l’a probablement encouragé à joindre les jeunesses adéquistes alors qu’il n’avait que 16 ans. Comment peut-il prétendre que « la population de Marguerite-D’Youville a su faire abstraction de son âge et lui faire confiance » alors que son élection est sans aucun doute reliée à l’insatisfaction générale de la population envers les politiciens et à un vote de contestation transmis vers Mario Dumont et sa formation politique?
Malgré son inexpérience et son jeune âge, M. Diamond démontre cependant de réelles capacités à devenir un politicien chevronné (…) et un personnage fort ambitieux. Avant d’en arriver là, il lui faudra cependant investir des énergies considérables pour conserver son siège aux prochaines élections. Dans la circonscription qu’il représente, l’ADQ y a récolté l’an dernier deux fois plus de votes qu’à l’élection générale de 2003. Historiquement, les circonscriptions de cette région de la rive-sud de Montréal sont des endroits où les péquistes et les libéraux se partagent le pouvoir, selon l’humeur de la population. Suite aux résultats des derniers sondages et des récentes performances de l’ADQ, sans oublier l’arrivée de Mme Monique Richard comme candidate du PQ sans son comté, la lutte pour le maintien au pouvoir s’annonce très difficile pour M. Diamond et l’ADQ.
Maintenant, s’il désire réellement que les jeunes de sa génération reprennent le goût du politique, il devra convaincre son chef de démontrer qu’un politicien peut être honnête et proche des préoccupations des citoyens. Retrait des troupes canadiennes de l’Afghanistan, gratuité scolaire, réforme du mode de scrutin, démocratie participative et transparence de la rénumération du chef de l’opposition, ça vous dit quelque chose?
En passant, j’ai appris qu’en informatique, « nil » est utilisé pour désigner la liste vide qui joue le même rôle commode pour les listes que le zéro pour les entiers…
Cet article est paru sur Un Homme En Colère le 21 mars dernier et sur Cent Papiers le 23 mars. Des commentaires additionnels peuvent y être consultés. Photo: François Lafite, Flickr