Lorsqu’on considère qu’il y a une probabilité que la race humaine traversera prochainement des moments difficiles qui remettront en question sa survie même, bien des évènements nous paraissent insignifiants. Le prochain chef de l’ADQ, l’avenir d’une équipe de hockey et l’incompétence du boss de la Caisse de dépôt font jaser les paroissiens que nous sommes… Rien à dire aujourd’hui à l’exception de deux recommandations. Un livre et un billet qui provient du site québécois « Économie autrement ».
« Professeur cherche élève souhaitant vraiment sauver le monde. » Un homme d’une trentaine d’années, cherchant un sens à sa vie, répond à cette petite annonce et découvre que le professeur est un gorille nommé Ishmael…
S’engage alors entre eux un dialogue socratique surprenant, drôle et profond, sur de grandes questions tout à la fois philosophiques, historiques et morales : comment le monde en est-il arrivé là au fil des siècles ? Peut-on encore sauver la Terre et Mère Nature en dépit des dommages qui leur ont été infligés ? Ishmael met en cause notre modèle de civilisation et notre notion du progrès. Il raconte comment l’histoire des hommes aurait pu être celle de toute la communauté du monde vivant. Alors surgit une question : le gorille une fois disparu, y aura t-il un espoir pour l’homme?
Philosophe de l’écologie et futurologue, Daniel Quinn a obtenu pour Ishmael le prix Ted Turner en 1990. Ishmael fait désormais référence dans les universités américaines et a été traduit en huit langues.
Source: Animalia – Illustration: delariman designs – Flickr
Capitalisme et instinct de mort
Pourquoi sommes-nous sortis de cet état de symbiose avec la nature ? Mystère du néolithique, de la sédentarisation, de l’agriculture et de l’élevage, de la constitution des surplus. Le capitalisme est-il un stade nouveau, spécifique de l’évolution de l’humanité ? Oui, il n’y a pas là de mystère. Il se définit comme le moment où l’invention et la technique sont détournées, canalisées et systématiquement appliquées à l’accumulation des biens. Certes, le grand commerce est né chez les Anciens, lesquels connaissaient les techniques de la comptabilité, de la banque, du crédit et de l’assurance, mais il relevait largement de la prédation et de la conquête. Nul besoin de relire Marx pour savoir qu’avec le capitalisme se développe le travail libre, l’échange marchand, la classe des capitalistes et l’État moderne garant de la liberté des contrats. La révolution industrielle anglaise, en particulier, représente un saut quantitatif et qualitatif dans la production. Le capitalisme est jeune, à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Il est possible qu’il ne fasse pas de vieux os. L’explosion de la productivité du travail le caractérise, avec l’utilisation intensive et extensive de plusieurs sources d’énergie, dont la dernière – le pétrole – a joué un rôle essentiel dans l’émergence du monde moderne. L’explosion démographique est à la mesure de l’utilisation effrénée d’une énergie fossile.
À lire: Capitalisme et pulsion de mort, par Gilles Dostaler. – Illustration: Ben Heine – Flickr