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Posts Tagged ‘privatisation’

Air Canada serait-elle à vendre?

Posted by lutopium sur 4 avril 2009

L’industrie de l’aviation civile semble parcourir une trajectoire sur montagnes russes depuis les évènements de septembre 2001. Offerte à l’entreprise privée en 1989 par les conservateurs de Brian Mulroney, Air Canada, disait-on évidemment dans les chambres de commerce, fera mieux avec ses nouveaux habits, délaissant ceux de la société de la couronne. Les grands ténors de la privatisation promettaient alors qu’elle serait mieux équipée pour performer dans un marché compétitif et pour gérer les bonnes années, et les mauvaises.

Depuis ce temps, Air Canada a continué le processus d’amincissement (downsizing), de réduction des actifs, de coupures de personnel, d’impartition, de sous-traitance et de toutes ces méthodes du capitalisme moderne qui permettent d’accroître la productivité tout en visant la plus grande profitabilité possible. Elle a placé le fonds de pension de ses travailleurs dans une situation précaire (déficit de trois milliards) et elle préfère se débarasser de ses actifs et de plusieurs services, ce qui la place dans une situation extrêmement fragile. À l’exception de sa réputation, Air Canada vaut-elle encore quelque chose aujourd’hui?

Et voilà que le marché s’affole et perd confiance à son titre boursier. En douze mois, elle a perdu la moitié de sa valeur. Considérant que les acquisitions sont à la mode par les temps qui courent, les conservateurs de Stephen Harper seront peut-être tentés d’amender la loi sur la participation publique au capital d’Air Canada afin d’en faciliter le sauvetage, car elle est une proie facile pour les prédateurs… Le Canada montrerait ainsi sa volonté à endosser les accords de Doha, démontrer sa croyance inébranlable à la libéralisation des marchés et à la mondialisation du commerce, lui permettant du même coup de se protéger du protectionnisme de ses voisins et de continuer à exporter ses ressources… Louanges au nouvel ordre mondial.

Mon beau-frère, capitaine chez Air Canada, a décidé de s’impliquer dans son syndicat lors des dernières négociations. Loin d’être un gauchiste, il n’hésite tout de même pas à dénoncer les agissements de la nouvelle structure de l’entreprise qui en facilite son démantèlement complet. Un autre joyau du patrimoine collectif qui pourrait prendre le bord. Selon lui, et de l’avis de plusieurs, Air Canada ne sera bientôt qu’une marque de commerce, style Virgin Mobile. Aucun actif et un nombre réduits d’employés: qu’une marque de commerce. Le nouveau propriétaire qui se pointe à l’horizon est Lufthansa. Le grand manitou de Star Alliance. La prochaine grande compagnie internationale. Au service du nouvel ordre mondial.

Photo: Klick This – Flickr

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Y’a pas que l’économie qui est malade

Posted by lutopium sur 26 mars 2009

Ce billet est publié simultanément sur le blogue collectif « Les 7 du Québec ». Vous êtes invités à laisser vos commentaires sur ce site.

Lors de sa conférence de presse de mardi dernier, Barack Obama donnait l’image d’un président sur la défensive. On semble lui avoir donné une mission: justifier le sauvetage des banques américaines en tentant de persuader le peuple qu’il faut absolument que ces institutions soient soulagées des produits toxiques. J’ai eu l’impression qu’on s’efforçait de convaincre les téléspectateurs que la guérison des banques est impossible sans le financement public.

La santé des citoyens semble recevoir un traitement complètement différent. Alors qu’en période électorale, les démocrates avaient promis l’accessibilité aux soins de santé à tous les américains, tout laisse croire que le pays le plus puissant du monde soit incapable de plier les genoux devant les lobbies des compagnies d’assurance et ceux des prestataires de soins privés.

D’ailleurs, lors de son passage à l’émission quotidienne de Gérard Fillion à RDI, le directeur du magazine Harper’s, John McArthur, nous rappelait que les solutions proposées par le président Obama visaient essentiellement à faciliter l’accès aux assurances privées pour les quelques 90 millions d’américains qui n’ont aujourd’hui aucune couverture médicale. Lors de cette excellente entrevue mais beaucoup trop courte, McArthur a mentionné qu’il n’y avait rien de surprenant dans l’approche démocrate, considérant que les compagnies d’assurances ont donné plus de 150 millions aux deux partis politiques l’an dernier. Les lobbies de la santé sont omniprésents à Washington et l’accès aux services hospitaliers n’a rien de reluisant pour les prochaines années.

C’est à se demander pourquoi certains militants de la droite politique québécoise et canadienne nous cassent encore les oreilles avec l’idée de privatiser les soins de santé et de faciliter la compétition entre les fournisseurs de services. Un nombre grandissant de citoyens devenus consommateurs croient dur comme fer que l’entreprise privée fera mieux et que tous les problèmes seront règlés comme par magie.

N’oubliez pas qu’il faudra souscrire à une assurance privée si vous désirez être remboursé pour les services rendus par les cliniques, spécialistes et hôpitaux privés. N’oubliez pas que votre employeur devra réduire votre salaire de quelques centaines, voire milliers de dollars pour rembourser les primes exigées par ces assureurs. N’oubliez pas que les compagnies d’assurance seront présentes sur la première ligne de triage et décideront si vous avez droit ou non au traitement que vous aurez ciblé. N’oubliez pas que vous devrez payer une franchise avant d’obtenir les services et que vos dépenses annuelles seront plafonnées.

Comme le mentionnait si bien Éric Caire lors de sa première sortie comme candidat à la chefferie de l’ADQ: il faut rompre avec l’amateurisme. Alors, soyons sérieux et conservons notre système public et n’hésitons pas à y injecter le financement nécessaire. Si notre gouvernement peut investir 300 millions dans la rénovation d’un casino et un autre 267 millions pour offrir une nouvelle salle de concert symphonique à notre aristocratie montréalaise, il ne devrait pas hésiter à financer adéquatement notre système de santé afin d’assurer notre bien-être. Y’a pas que les banques qui sont malades…

Illustration: Chud Tsankov – Flickr

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Qui veut prendre le contrôle d’Hydro-Québec?

Posted by lutopium sur 7 février 2009

Encore une fois, les disciples de l’Institut Économique de Montréal (IEDM) nous vantent les bienfaits de la privatisation d’Hydro-Québec. Depuis une dizaine d’années, l’Institut propose aux citoyens québécois de se départir de leur société d’état et ce, pour diverses raisons: création de richesse, contribution au remboursement de la dette, augmentation de la productivité des employés, libéralisation du marché de l’énergie…

Après les nombreuses sorties de l’économiste Marcel Boyer (dont le salaire principal lui parvient d’une université publique), le flambeau semble avoir été relayé à Claude Garcia, ancien président de la compagnie d’assurance Standard Life et membre du conseil d’administration de la Caisse de Dépôt (organisme public). Le rôle de l’IEDM étant de « proposer des solutions originales et innovatrices afin de susciter l’élaboration de politiques publiques optimales en s’inspirant, notamment, de réformes appliquées avec succès ailleurs dans le monde », elle semble vouloir s’acharner à promouvoir la privatisation de nos services publics, particulièrement la vente des actifs d’Hydro-Québec (HQ), l’éducation post-secondaire, la santé et les services de transport en commun. Bénéficiant d’un budget annuel de 1,5 millions, l’IEDM est omniprésente dans les débats publics et bénéficie d’une couverture médiatique incomparable.

On pourrait se demander si M. Garcia s’emmerde depuis qu’il a quitté son poste à la Standard Life pour investir autant d’efforts dans la promotion de la privatisation d’HQ. Déjà, à l’été 2007, il signait un papier avec Marcel Boyer dans le quotidien Le Soleil où il suggérait que privatiser HQ permettrait « d’améliorer l’efficacité énergétique du Québec et la santé de nos finances publiques ». Et le voilà de retour en pleine campagne électorale et de nouveau cette semaine en exigeant, encore une fois, que la société d’état soit privatisée afin de pouvoir hausser les tarifs, forçant ainsi les québécois à « changer les équipements de chauffage de leurs maisons pour passer au gaz naturel, une méthode plus efficace. » Pincez-moi, je crois rêver…

Comme l’IEDM est présidée par Mme Hélène Desmarais, on aurait tendance à croire que cet acharnement à vouloir privatiser Hydro-Québec serait relié aux ambitions de son époux, le président de Power Corporation. Est-il nécessaire de rappeler que l’empire Desmarais est maintenant un joueur incontournable dans l’économie mondiale depuis qu’elle s’est assurée d’une participation importante dans Suez GDF, privatisée récemment par l’administration Sarkozy? La Suez Renewable Energy of North America (SRENA) est de plus en plus présente dans le marché énergétique des États-Unis et du Canada. Actuellement, la SRENA concentre ses activités dans la distribution énergétique dans 16 états américains tout en investissant sérieusement dans des projets éoliens au Canada et ici-même au Québec – grâce à la récente acquisition de Ventus Energy. Le groupe Suez GDF est également un joueur important dans la production et la distribution d’électricité en Amérique du Sud. Dans son plus récent rapport annuel, elle déclare:

« Nos investissements porteront essentiellement sur des capacités de production électrique, dans les énergies renouvelables et les énergies classiques, principalement en Europe, en Amérique Latine et en Amérique du Nord. Plus précisément, le Groupe a pour objectif de porter à 75 000 MW sa capacité de production électrique dans le monde d’ici à 2012. Suez entend notamment renforcer sa production d’énergie à partir de sources renouvelables (hydraulique, solaire, biomasse et éolien). Il vise également, en fonction de l’attente des autorités nationales concernées, à participer à la construction de centrales nucléaires de 3e génération en Europe et hors d’Europe, dans le but de détenir et d’exploiter ces capacités, qui devraient être mises en service à l’horizon 2015-2020. Le Groupe poursuivra également son développement dans le gaz et le gaz naturel liquéfié (GNL) en capitalisant sur ses positions fortes. »

La construction du port méthanier Rabaska, la proposition des conservateurs canadiens de privatiser Énergie Atomique Canada et la promotion de la vente d’Hydro-Québec convergent vers les aspirations de la riche famille québécoise. Lors du lancement de son récent livre sur l’Empire Desmarais, Robin Philpot suggèrait que le temps est propice au retour de Power Corporation dans l’économie industrielle canadienne. Même si le Parti Libéral ne semble pas chaud à l’idée de privatiser Hydro-Québec, il nous faudra demeurer extrêmement vigilants. D’ailleurs, comme le mentionnait le Canard Enchaîné en novembre dernier (repris dans la dernière édition de l’Aut’ Journal), « les emplettes réalisées à la Bourse depuis quelques semaines par deux milliardaires, le Belge Albert Frère et le Canadien Paul Desmarais. Ces deux copains de Sarko profitent librement de la crise pour acheter à bon prix des actions des grandes entreprises françaises et d’y renforcer leur participation ». Je crois qu’il y a anguille sous roche et que nos riches aristocrates ne baisseront pas les bras aussi facilement. Je ne serais pas surpris d’entendre Jean Charest relancer l’idée de la privatisation d’HQ lorsque la crise économique cessera d’être un frein aux investissements privés. C’est qu’il est capable d’être une girouette le Johnny!

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Pourquoi un gouvernement majoritaire en temps de crise?

Posted by lutopium sur 28 octobre 2008

Je suis un de ceux qui n’achètent pas l’argument de Jean Charest qui laisse croire qu’il est important pour le Québec de se doter d’un gouvernement majoritaire afin de traverser la crise économique qui se pointe le nez. Je ne sais pas si vous ressentez le même pessismisme, mais j’ai l’impression que les choses vont mal tourner après les fêtes. Je ne suis pas un expert en économie ou en finance mais j’ai l’intuition que le ralentissement que nous connaîtrons après la consommation folle de décembre sera le pire des vingt ou trente dernières années. Nous achèterons moins, les taux d’intérêt augmenteront, les entreprises devront abolir des postes et le marasme s’installera.

Le premier ministre essaie donc de nous convaincre que les temps seront moins pénibles si le Parti Libéral a le pouvoir de gouverner sans faire de compromis avec les partis d’opposition. Les projets de loi pourront être adoptés plus rapidement et la gestion quotidienne des affaires de l’état se précisera sans se précoccuper des députés de l’autre côté de la chambre. Comme le gouvernement du Québec n’a aucun pouvoir sur la politique monétaire canadienne et aucune influence sur les taux d’intérêt, je me demande bien quel est le plan de M. Charest. Laissez-moi deviner… des subventions aux entreprises en difficulté? Des crédits à des entreprises qui veulent investir au Québec? Ou peut-être une liquidation du patrimoine collectif… songerait-il à vendre Hydro-Québec? À privatiser les soins de santé encore un peu plus? Pourriez-vous m’expliquer pourquoi M. Charest désire devenir le grand capitaine avant que la crise économique commence à faire sentir ses effets? Ne me dites pas que tout est relié aux réserves budgétaires…

À en croire les journalistes et éditorialistes du groupe Gesca, le feu vert est donné par l’Empire Desmarais. Le journaliste Vincent Marissal réconforte le premier ministre en lui rappelant que c’est lui qui maîtrise le calendrier et que le « timing » est à son avantage. L’éditorialiste André Pratte a même choisi un titre sans équivoque: « Élections: un bon moment ».

Comme ce fut le cas lors des dernières élections fédérales, il faudra que les progressistes fassent preuve de vigilance. Je suis convaincu que l’establishment libéral songera sérieusement à organiser une vente de feu afin de garnir les coffres de l’état et redistribuer encore plus de fric vers les dirigeants des chambres de commerce. On dira que le temps est propice à la privatisation des services publics, aux partenariats publics-privés, à l’impartition et quoi encore.

On s’en reparle…

Photo: Dimitri P. – Flickr

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Harper et la disparition des services publics

Posted by lutopium sur 12 septembre 2008

C’est une tendance occidentale et le Québec n’y échappe pas : les partis néoconservateurs prônent la réduction de la taille de l’état, la suppression de plusieurs programmes gouvernementaux, la privatisation des services publics et l’impartition de certaines de ses activités vers le secteur privé.

C’est le slogan des républicains américains, des conservateurs canadiens et les libéraux et adéquistes québécois : « less governement » – moins de gouvernement.  Afin d’attirer la sympathie des électeurs de la classe moyenne et des gens fortunés, ces partis politiques promettent des réductions d’impôts et plus d’argent dans leurs poches.  De cette façon, on fait croire aux citoyens qu’ils pourront choisir eux-mêmes les fournisseurs qu’ils désirent et obtenir des services de meilleure qualité car, le privé fait toujours mieux…

Plusieurs lobbies économiques tentent de convaincre les conservateurs à privatiser plusieurs sociétés de la couronne : Postes Canada, Radio-Canada, Via Rail et la Société Canadienne d’Hypothèque et de Logement (SCHL) font partie de plusieurs organismes ciblés.  Selon ces groupes de pression, la vente de ces sociétés d’État permettrait de réduire les impôts et d’offrir de meilleurs services à la population et ce, à moindre coût.

Avez-vous déjà essayé d’envoyer un colis par FedEx?  Est-ce moins cher, plus rapide, plus sécuritaire?  Êtes-vous certains que la transformation de Radio-Canada par l’entreprise privée nous offrira une télévision et une radio de qualité?  Qui peut assurer que Via Rail continuera d’offrir des services régionaux si elle est motivée exclusivement par la recherhce de profits?  Désirez-vous que la SCHL subisse le même sort que Fannie May et Freddie Mac en subissant les excès des spéculations de toutes sortes?

Une fois majoritaires au Parlement, les conservateurs seront tentés d’amender la loi canadienne sur la santé afin de faire encore plus de place au privé.  On parle également de privatiser les centres correctionnels, des centrales nucléaires et quoi d’autre encore…

Je suis convaincu qu’une économie mixte (privée – publique) représente le meilleur environnement commercial pour le Canada et le Québec.  Il y a assez d’entreprises privées qui génèrent des profits pour calmer la soif des grands acteurs financiers qui cherchent à s’enrichir toujours plus, ne sachant plus quoi faire avec leur fric.  Gardons précieusement les rares sociétés d’état qui nous restent.  Elles font partie d’un patrimoine collectif et elles nous appartiennent.

NON aux conservateurs et aux ambitions des chambres de commerce qui ne cherchent qu’à s’approprier NOS services gouvernementaux.

Le conservatisme économique est libertarien par nature, l’accent étant mis sur les marchés et le choix. Les conservateurs libertariens cherchent à démanteler ce qui reste de l’État providence pour passer à une « économie de marché du XXIe siècle. – Stephen Harper, Toronto Star, 6 avril 1997

Illustration: tommy the pariah – Flickr

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Marcel Boyer, l’IEDM, Gesca et la privatisation d’Hydro-Québec

Posted by lutopium sur 9 août 2008

On se demande encore une fois quelles sont les vraies raisons qui motivent ce professeur de l’Université de Montréal à préparer le terrain pour la privatisation d’Hydro-Québec.  Dans son plus récent billet financé par l’Institut Économique de Montréal et gentiment publié par La Presse le 6 août dernier, le docteur Marcel Boyer déplore la timidité de la demande de hausse de tarifs qu’Hydro-Québec s’apprête à déposer devant la Régie de l’Énergie.

Prenant la défense des consommateurs et des citoyens québécois (…), M. Boyer est sans équivoque : « …le maintien du prix de l’électricité à un prix inférieur à cette valeur appauvrit le Québec en favorisant une mauvaise affectation des ressources et des investissements, trompant les citoyens, freinant l’innovation… ».  Je me demande bien comment une (autre) hausse de ma facture d’électricité contribue à mon enrichissement et à l’assouplissement de mon « fardeau fiscal »!  D’un côté on exige la réduction des impôts alors que de l’autre on fait la promotion de l’approche utilisateur-payeur…  On voit le jeu!

Peut-on faire un lien entre ces nouvelles propositions et le papier que notre professeur a publié dans le quotidien Le Soleil le 29 août 2007 où il suggèrait – accompagné par l’ex-président de la Standard Life, M. Claude Garcia – de privatiser Hydro-Québec afin d’ « améliorer l’efficacité énergétique du Québec et la santé de nos finances publiques »?

Suis-je le seul à imaginer que certains espèrent une augmentation des tarifs d’électricité avant sa privatisation afin que l’opinion publique n’associe pas cette même augmentation à une conséquence de sa privatisation?  L’aristocratie désire donc que les tarifs québécois rejoignent la moyenne nord-américaine afin d’assurer la profitabilité de cette nouvelle entreprise privée?  Au profit de qui au juste?

Est-il nécessaire de rappeler encore une fois que M. Boyer travaille sous la direction de Mme Hélène Desmarais, fille belle-fille de Paul, grand manitou de Power Corporation?  Que les deux journaux qui publient ses papiers sont la propriété de Gesca, filiale à 100% de Power Corporation?  Doit-on inclure dans la synergie de cette propagande que Power Corporation est un actionnaire important de Suez Energy North America qui se positionne comme un « fournisseur agréé de distribution d’électricité et de services connexes pour les clients commerciaux et industriels des Etats-Unis »?

Y’a pas que Laliberté et ses nouveaux partenaires de Dubai qui sont habiles dans l’art du cirque, trouvez-pas?

Photo : zeNMT – Flickr

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La complicité de La Presse et de Rockland MD

Posted by lutopium sur 12 avril 2008

Nous connaissons tous la controverse autour de l’ouverture de la clinique privée Rockland MD.  Cet établissement, partenaire privilégié de l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal et situé dans l’ancien comté du ministre Philippe Couillard, fait preuve d’un dynamisme qui semble être sous les effets de stéréoides fournis par l’establishment économique québécois.

La clinique Rockland MD a confirmé le 1er avril dernier qu’elle offrait maintenant une méthode révolutionnaire pour guérir le cancer léger de la prostate.  Les grands quotidiens montréalais reprennaient la nouvelle aussitôt et on a pu constater rapidement quel type de traitement les journalistes allaient nous offrir.  Pendant que les sbires de l’empire Quebecor lançaient quelques questions pertinentes, La Presse sembla se contenter d’un compte-rendu lancé par l’agence Presse Canadienne.  Du moins jusqu’à l’apparition d’un clip vidéo ressemblant plutôt à une plogue pour la nouvelle vedette de L’Institut Économique de Montréal…

Comme cyberpresse.ca semble vouloir faire dans le multimédia, le site offre dorénavant des petites capsules qui sont, pour la plupart du temps, d’une insignifiance ennuyeuse.  Je comprend que Gesca se fait les dents sur la production  télévisuelle en attendant la privatisation de Radio-Canada, mais présenter des clips mettant en vedette Alain Dubuc relève d’un étonnant courage…  Notre ancien marxiste préféré a donc choisi de nous présenter la nouvelle coqueluche de la communauté d’affaires montréalaise et notre grand sauveteur dans le traitement de la santé : Rockland MD.

Le responsable des communications de cette clinique a certainement de bons rapports avec « la putain de la rue Saint-Jacques ».  Une publicité « gratuite » sur le site internet du quotidien appartenant à la famille la plus puissante au Québec, rien de moins.  Écoutez ce qu’avait à dire Alain Dubuc sur le traitement contre le cancer de la prostate offert par Rockland MD :

« …Mais ça nous rappelle quelque chose.  C’est que dans ce dossier là, on peut voir que le secteur privé en santé a servi à quelque chose de très précis.  Parce que s’il n’y avait pas eu la clinique Rockland MD, cette nouvelle procédure de règlement du cancer de la prostate, on n’en aurait jamais entendu parler.  Ça se fait en Europe, ça se fait en Asie, ça se fait en Ontario mais pas au Québec et nos hôpitaux sont sans doute trop rigides pour être capables de se lancer dans un nouveau système comme celui-là.  Et donc ça veut dire quelque chose, le système privé en santé peut jouer un rôle d’innovateur.  Introduire un élément de concurrence, jouer aussi un rôle de franc-tireur pour arriver avec des idées nouvelles.  Et quand on a un système aussi lourd, aussi rigide, aussi bureaucratique que le nôtre, je pense que l’appoint du système privé comme franc-tireur est quelque chose d’essentiel… »

Quelques jours plus tard, le Collège des médecins questionne la qualité du traitement contre le cancer offert à la clinique privée Rockland MD et le ministère de la Santé demande à la Régie de l’assurance maladie d’enquêter sur sa légalité.  Comment alors expliquer qu’un journal ait pu autoriser la publication d’un publi-reportage avant d’examiner tous les facteurs entourant cette nouvelle technologie?  Est-ce que M. Dubuc et le comité éditorial de La Presse seraient devenus le mégaphone du lobby représentant le privé dans le domaine de la santé?

Mais qui est donc derrière Rockland MD?  Qui représente cette clinique et pourrait justifier un tel intérêt de la part des médias, des chambres de commerce et de certains politiciens?  Je comprend que le docteur Fernand Terras, directeur médical de la clinique, est un fervent défenseur de l’amélioration des soins de santé, mais qui est derrière ce groupe qui désire une population québécoise en meilleure santé?  Voici donc, pour votre gouverne, une brève présentation des actionnaires de Rockland MD : 

  • Marcel Côté, associé-fondateur de la firme conseil Secor qui a obtenu des contrats de 1,1 million de dollars pour des études sur les défusions municipales.  Proche conseiller de Robert Bourassa, de Brian Mulroney et Jean Charest.  Représente un groupe d’investisseurs au conseil d’administration de Rockland MD;
  • Marc De Bellefeuille, membre du comité consultatif de Practice Solutions, ancien président de la Conférence régionale de l’AHQ de Montréal, ancien membre de l’Institut de Cardiologie de Montréal, ancien Vice-Président de la Régie régionale de la santé et des services sociaux de Montréal-Centre ;
  • Alexandre Jarry, associé de la firme d’avocats Jerry Bazinet et président du conseil d’administration de la chambre de commerce et d’industrie de Laval ;
  • Dr. Fernand Terras, ancien président de GlobalMedic – filiale de l’Association Médicale Canadienne qui a changé de nom pour Practice Solutions ;
  • Chantal Benudiz, ex vice-présidente de GlobalMedic ;
  • Dr Myriam Abikhzer et Dr Daniel Gagnon, médecins ;
  • Les fiducies Peter Pan et Richmond: aucune information disponible ;

Ce que M. Dubuc ne dit pas dans son évangile sur les bienfaits des soins de santé privés et sur l’originalité du traitement prescrit par Rockland MD est que la technologie n’est offerte qu’à titre expérimental, ce qui explique que les services de santé publics n’ont pas encore fait l’acquisition des équipements dont il est question.  Quoi de plus normal?  Si un hôpital avait acheté cet appareil – qui n’est pas encore certifié par les autorités américaines et canadiennes – M. Dubuc aurait été le premier à dénoncer l’irresponsabilité de la bureaucratie gouvernementale québécoise…

Pourquoi cherche-t-on à donner autant de crédibilité aux initiatives de la clinique Rockland MD?  Quels sont les vrais enjeux?  C’est le genre de questions auxquelles vous devriez répondre M. Dubuc.  Rien de moins.

Photo : Hautes Études Commerciales – Montréal, Flickr

Alain Dubuc a remporté les honneurs de la 12e édition du Prix du livre d’affaires 2007 de Coop HEC Montréal, pour son ouvrage intitulé L’Éloge de la richesse. M. Dubuc a reçu ce prix, assorti d’un montant de 10 000 $, lors d’une cérémonie tenue le 12 juin 2007.

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Avoir les moyens de ses convictions

Posted by lutopium sur 29 février 2008

Je dois l’avouer, j’ai été agréablement surpris des réactions à la publication du rapport Castonguay.  Je croyais que le gouvernement libéral, même minoritaire, serait sympatique aux recommandations et que le ministre Couillard se montrerait plus réceptif à un système de santé mixte.  Toutefois, même si la plupart des propositions émises par l’équipe de travail ont reçu un accueil plutôt tiède, il faudra être vigilents.  Les entrepreneurs n’ont pas habitude de baisser les bras, surtout lorsque les possibilités d’affaires sont alléchantes…

Le grand perdant dans tout ça?  Mario Dumont et l’Action Démocratique du Québec.  Croyant encore une fois hausser son niveau de popularité aux yeux de l’électorat, son porte-parole en matière de santé, Éric Caire, s’est empressé de monter sur la tribune pour vanter les mérites du rapport et nous annoncer que « les Québécois auront davantage de soins grâce à l’ajout de services privés ».  Même s’il rejette l’idée d’une hausse de taxes, M. Caire exige tout de même la participation du secteur privé.  Mais le système privé, il va le prendre où son fric?  Non seulement gobera-t-il une partie de nos impôts, mais il demandera une franchise, imposera le plafonnement des remboursements, et refusera certaines réclamations…  Et les compagnies d’assurances qui agiront en tant qu’intermédiaires pour le paiement des factures, elles vont faire ça bénévolement?  Quels seront les impacts sur votre salaire si votre employeur décide d’adhérer à des couvertures supplémentaires?  Payez-vous Sicko pour connaître le reste!  Nous faire croire que l’arrivée du privé en santé nous fera économiser de l’argent et accéder aux soins plus rapidement…  c’est nous prendre pour des cons.

« Un prince, et surtout un prince nouveau, qui veut se maintenir, doit bien comprendre qu’il ne peut observer en tout ce qui fait regarder les hommes comme vertueux; puisque souvent, pour maintenir son état dans l’ordre, il est dans la nécessité d’agir contre sa foi, contre les vertus de charité et même contre sa religion.  Son esprit doit être disposé à se tourner selon que les vents et les variations de la fortune l’exigent de lui. » Machiavel – Le Prince

Lorsque Mme Jérôme-Forget a donné le mandat à Claude Castonguay de préparer un rapport sur la question, les deux autres partis politiques ont eu l’opportunité de nommer deux experts pour participer à cette étude et contribuer à proposer des recommandations.  Mario Dumont a alors fait appel à Mme Joanne Marcotte, adjointe administrative et réalisatrice du documentaire pamphlétaire l’Illusion Tranquille.  N’étant pas une politicienne professionnelle ou une économiste de grand renom, Madame Marcotte se montre sincère dans ses prises de position et dans la confiance qu’elle démontre envers les vertus de l’entreprise privée.  Elle représente cependant ce qui est le plus surprenant avec le courant néoconservateur nord-américain : une travailleuse de la classe moyenne qui fait la promotion des idéaux de la classe économique dominante.  Comme beaucoup d’adéquistes et de conservateurs, elle défend avec force et détermination les libertés fondamentales des petits conservateurs : celles qui confortent l’égoisme et l’individualisme parce que, par dessus tout, on doit pouvoir chosir et payer soi-même les services qu’on reçoit, on peut se lancer en affaires et devenir auto-suffisant.  Les salariés deviennent les messagers de l’Institut Économique de Montréal et du Conseil du Patronat.  Comme le faisait remarquer l’américain Thomas Frank lors des élections présidentielles américaines de 2004 :

« Au cours des années 1990, un « populisme de marché » a dominé, inspiré par les stratégies de communication de Wall Street. L’idée centrale était simple : le marché est l’essence de la démocratie, laquelle ne saurait se concevoir sans lui. Puisque nous participons tous au marché – en achetant des actions, en arbitrant entre deux marques de crèmes à raser, en allant voir un film plutôt qu’un autre, les marchés expriment le choix du peuple. Ils nous apportent ce que nous demandons, déboulonnent l’ancien régime, donnent le pouvoir au consommateur. Essayer de les réglementer ou vouloir contrecarrer leur effet ne peut alors constituer qu’arrogance et tentation tyrannique des élites éduquées qui veulent continuer à passer devant tout le monde… »

Les conseillers néophytes de l’ADQ et du Parti Conservateur s’inspirent de plus en plus des stratégies de la droite américaine afin de rallier les travailleurs aux idéaux économiques et de les détourner du traditionnel clivage entre les travailleurs et les patrons, pour finalement les amener à se dissocier de l’ensemble des citoyens qui prônent la solidarité.  Je ne crois pas que la stratégie adoptée par ces deux formations politiques fonctionnera au Québec.  Si on se fie aux traditions humanistes du peuple québécois, il est fort à parier que la position de Mario Dumont sur la privatisation des services de santé ne rejoindra pas celle de la majorité des citoyens.  Ça, Jean Charest, Pauline Marois et Amir Khadir le savaient… 

De toutes façons, Rockland MD s’est tiré une balle dans le pied…

Cet article a été publié sur Un Homme en Colère le 23 février 2008 et sur Cent Papiers le 24 février 2007

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L’IEDM et la privatisation du transport en commun

Posted by lutopium sur 11 février 2008

Les chercheurs de l’Institut Économique de Montréal (IEDM) sont vraiment à court d’idées… Au lieu de concevoir des projets constructifs pour stimuler la croissance économique, ils se concentrent sur la privatisation des services publics, tout azimuts…

Leur dernière trouvaille : privatiser le transport en commun. L’Institut a même pris le soin d’inviter un expert américain afin de lancer sa nouvelle propagande qui gravite toujours autour du même argument : le privé fait mieux. M. Wendell Cox nous est présenté comme un chercheur associé et invité au Conservatoire national des arts et métiers de Paris, mais il possède avant tout sa firme de consultation et est membre émérite de plusieurs « think tanks » de la droite économique, dont le Frontier Center For Public Policy et l’Heritage Foundation.

Les systèmes de tranport public représentent une mine d’or pour nos entrepreneurs. Ils n’ont pas à concevoir une nouvelle idée, à investir dans la recherche ou faire preuve d’originalité. Le trésor est là qui les attend. Après des années d’investissements massifs de la part des gouvernements et des citoyens, voilà qu’il faudrait leur donner un autre morceau de notre patrimoine afin qu’ils puissent « créer de la richesse ».

Dans un article écrit par M. Cox et publié dans le quotidien The Gazette (repris intégralement sur le site de l’IEDM), on nous cite l’exemple de la privatisation de la société de transport de Denver qui, selon lui, est la preuve vivante de cette idée révolutionnaire. Cependant, lorsqu’on consulte les analyses du département américain du transport, on constate que plus de la moitié des économies réalisées suite au partenariat avec l’entreprise privée sont directement reliées à la diminution des salaires et des bénéfices alloués aux employés. Lorsque les premiers contrats ont été donnés aux transporteurs privés, il y avait compétition entre quelques joueurs, ce qui promettait « l’auto-régulation » des forces du marché. Quelques années plus tard, il ne restait qu’une ou deux entreprises importantes, fusions et acquisitions obligent…

Il faut se rappeler que plusieurs villes nord-américaines – dont Montréal – ont du racheter les compagnies de tramway et d’autobus dans les années cinquante et soixante car elles se sont montrées incapables de moderniser les équipements et plusieurs d’entre elles étaient en faillite. On peut donc se permettre de questionner les intentions de l’entreprise privée qui désire maintenant se réapproprier ce qu’elle n’a pas été en mesure de bien gérer par le passé! Qu’on se souvienne de la défunte Laidlaw – un des principaux transporteurs privés en Amérique du Nord et grand gagnant de la privatisation du réseau de Denver – qui a demandé la protection des tribunaux canadiens en 2001…

Il est primordial que les services de transport en commun soient contrôlés par l’état et qu’ils soient étroitement liés à un plan d’urbanisme sérieux et à une gestion restrictive du trafic routier. Si l’on reconnaît qu’il faut réduire la pollution, on doit s’assurer que les services publics sont soigneusement planifiés et d’en optimiser son utilisation par le plus grand nombre de citoyens et de travailleurs. Comme il surveille constamment ses intérêts et sa profitabilité, le privé ne pourrait pas offrir ce service à moyen terme et rien ne prouve qu’il pourrait faire mieux. Surtout lorsque l’expert recruté par leur Institut fait la promotion de l’étalement urbain et de l’utilisation de l’automobile pour le tourisme!

M. Wendell Cox maintient également plusieurs sites, dont Demographia, Public Purpose et Rental Tours .

Photo : Harry Halibut – Flickr

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