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Archive for février 2009

Discussions citoyennes

Posted by lutopium sur 15 février 2009

Amir Khadir rencontre les gens du Québec pour parler de la crise financière et des solutions pour en sortir.

Québec solidaire a 20 propositions à présenter pour atténuer les effets de cette crise sur les travailleuses et les travailleurs et mettre le Québec à l’écart d’une économie casino qui joue avec nos retraites et nos emplois. Notre plan est crédible et solide : nous sommes le seul parti à chiffrer autant les dépenses et les investissements que les sources de financement de notre plan. Au cours des deux prochaines années, nous estimons que c’est possible de s’en sortir.

15 février : Montréal 13 h 30 – Centre St-Pierre, 1205 rue Panet

18 février : Rouyn-Noranda 19 h 00 – Bistro Chez Bob : 143 rue Principale.

24 février : Laval Lieu et heure à confirmer

25 février : St-Jérôme 19 h 30 – Ici par les Arts : 712 rue St-Georges

3 mars : Gatineau 19h00 – Salle Desjardins : 331 boul. Cité des Jeunes

4 mars : Sherbrooke Lieu et heure à confirmer

14 mars : Joliette 18h30 – Salle Lamontagne, 1131 route 343 à St-Ambroise-de-Kildare

Informations

Illustration: Québec solidaire

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L’adéculte du chef

Posted by lutopium sur 13 février 2009

Comme tout bon parti politique, l’Action Démocratique du Québec cherchera à profiter au maximum de la couverture médiatique que procure une course à la chefferie. Les journalistes n’hésitent pas à couvrir ce genre d’évènement politique et les faits saillants sont diffusés en direct sur les chaînes d’information continue. Une course à la chefferie permet également à des aspirants inconnus du public de se faire connaître tout en espérant en retirer quelques graines de popularité.

Avec le départ de Mario Dumont, le parti qui porte encore officiellement son nom est à la recherche de son nouveau porte-parole. Certains militants invitent à la patience en rappelant que les membres doivent tout d’abord établir les règles de la course alors que d’autres souhaitent que les activités soient lancées le plus rapidement possible.

David Chrétien, militant adéquiste de longue date et un des blogueurs adéquistes les plus actifs, souligne que « …contrairement au PLQ et au PQ, le parti n’a jamais vécu de course à la chefferie. Donc, il n’y a pas de règles déjà établies à cette fin… ». Actuellement, le juriste Marc-André Gravel est à rédiger les propositions qui viseront à modifier les stauts du parti afin de permettre cet exercice démocratique. Ces propositions devront probablement être entérinées par le prochain conseil national de l’ADQ et c’est alors que nous connaîtrons l’échéancier ainsi que les modalités reliées aux candidatures. Est-ce que les militants exigeront un prix d’entrée pour la course? L’idée est lancée: « …les principaux successeurs éventuels à Mario Dumont ont tous entendu parler d’une somme variant de 20,000 $ à 25,000 $ à verser au parti pour avoir l’opportunité d’être de la course… », comme le souligne le journaliste Simon Boivin du quotidien Le Soleil. La direction du parti ne semble pas tout à fait au courant de la chose. Le nouveau directeur-général de l’ADQ, Simon-Pierre Diamond, réagissait à la nouvelle en déclarant: « …j’ai entendu ça moi aussi. Ce sont des discussions que nous avons (sic)… »

Je me doutais bien que l’ADQ vit actuellement des problèmes financiers. C’est l’impression que je partageais déjà dans un billet publié le 20 janvier dernier. L’état des choses a été confirmé par le député Éric Caire dans une entrevue qu’il accordait cette semaine où il chiffrait la dette du parti à $600,000. Cette situation précaire pourrait peut-être expliquer cette taxe pour les candidats intéressés par la course à l’investiture du parti. Avec cinq ou six candidats, on pourrait récolter plus de $100,000, ce qui permettrait de financer une fin de semaine à la hauteur de l’évènement. Si cette course à la chefferie se tiendrait la semaine prochaine, les candidats en lice seraient: Éric Caire, Claude Roy, François Bonnardel, Sébastien Proulx (autorisation du cabinet Heenan Blaikie requise), Stéphane Gendron (peu probable), Joanne Marcotte, Christian Lévesque et Richard Merlini. Il y aurait peut-être des surprises.

Certaines personnalités québécoises ont été approchées afin de donner un peu de piquant à la succession de Mario Dumont. Elles ont cependant toutes refusé le défi. Malgré les honnêtes efforts des militants, Michel Kelly-Gagnon (ancien président du conseil du patronat), Maxime Bernier, Marie Grégoire, Gérard Deltell et Paul-Daniel Muller (ancien directeur-général de l’IEDM) ont tous décliné l’invitation. Au grand dam de ses membres, l’ADQ a du mal à rassembler les forces de droite et à se donner un second souffle. Le blogueur Suburbain Lucide résume bien la situation:

« …Les adéquistes doivent d’abord faire le deuil de leur chef, mais aussi de celui du culte du chef. Il est impératif pour les militants adéquistes d’apprendre à s’approprier leur parti, et que la parole du chef n’est pas parole d’Évangile. Les militants devront apprendre à contrôler leur parti afin de faire valoir leurs opinions, et apprendre à lutter contre les cliques et les individus qui profitent du manque de vigilence des membres pour s’approprier le parti…  Pour justement avoir à se débarasser des pommes pourries qui se servent de l’ADQ pour faire avancer leur agenda personnel, les miltants adéquistes devront prendre plus de place dans la structure du parti. La constitution du parti n’a jamais prévu les mécanismes d’une course à la chefferie, c’est pas peu dire! »

L’Action Démocratique fait face à son plus grand défi: sa raison même d’exister après le départ de Mario Dumont. Il n’en tient qu’aux membres. Ce parti est la seule formation politique dans laquelle les québécois qui désirent une réduction de la taille de l’état, d’allègements fiscaux, du libre-marché, de la disparition des syndicats, de l’autonomie des écoles, des soins de santé privés – bref de la droite économique et politique, de se regrouper et de formuler des revendications. Ils ne semblent pas se retrouver dans les structures et les propositions du parti Libéral. Les prochains mois seront donc cruciaux pour les militants qui désirent poursuivre le travail. Terminons ce tour d’horizon en reprenant un texte de Martin Masse, publié après la défaite de l’ADQ en 2003:

« On s’illusionne en pensant que c’est un parti politique qui réussira à faire avancer les idées libertariennes au Québec. Si l’on devait représenter de façon schématique l’histoire des positions philosophiques de l’ADQ, on verrait une courbe en zigzag faisant parfois quelques spirales dans les moments d’intense confusion, pour aboutir dans une immense zone noire représentant le vide actuel, ou si l’on veut l’état post-électoral dépressif du pauvre p’tit Mario.

Un gouvernement adéquiste n’aurait probablement enclenché aucune réforme radicale ni réduit la taille de l’état de façon notable. Son amateurisme et l’inexpérience de ses membres auraient entravé sa capacité de gouverner. Mais c’est bien sûr le « néolibéralisme » qui aurait alors été désigné comme la source de cette débâcle, plutôt que l’incapacité de ce gouvernement à vraiment s’attaquer à l’étatisme. Les espoirs immenses qui auraient été investis dans cette jeune équipe auraient été immanquablement déçus.

Mieux valait se débarrasser tout de suite de ces girouettes confuses. C’est bien dommage pour ceux qui voulaient vraiment changer les choses et qui ont cru pouvoir le faire avec ce véhicule. Mais j’ai bien peu de sympathie pour des gens assez naïfs pour s’embarquer dans une telle galère, et qui se refusent à comprendre que la politique est un jeu irrationnel, implacable, en plus d’être par définition un jeu d’étatistes… »

Illustration: nhuthuypro – Flickr


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Caisse de dépôt: une commission d’enquête?

Posted by lutopium sur 10 février 2009

Depuis le printemps dernier, bien des québécois se posent des questions sur les agissements de la Caisse de dépôt. Le tout débute en mai 2008 lorsque son président, Henri-Paul Rousseau, annonce qu’à son âge, le temps est propice pour « relever un nouveau défi professionnel dans le secteur privé ». Un peu plus tard, on apprend qu’il passe finalement chez Power Corporation. Un président intérimaire, inconnu de la population, démissionne suite à un congé de maladie. Lors de la campagne électorale, Mario Dumont sait très bien qu’il se passe quelque chose et demande des comptes au Premier Ministre. Secret d’état: il veut conduire le volant à deux mains.

Hier soir, lors de son passage à l’émission « 24 heures en 60 minutes », l’ancien député libéral Yves Michaud ne mâche pas ses mots. Il exige une commission d’enquête afin de faire la lumière sur les agissements de la Caisse et de mieux comprendre pourquoi et comment elle a pu perdre 26% de sa valeur, privant ainsi les citoyens québécois de 38 milliards dans son fonds de retraite. Même s’il est un personnage souvent controversé, je suis persuadé que M. Michaud sait quelque chose. D’ailleurs, lorsqu’il a annoncé son retrait de la vie publique, M. Michaud a laissé entendre qu’il en avait marre des agissements des grandes entreprises et des conflits d’intérêts. Il n’a rien à perdre…

Il s’agit de fonds publics, d’un patrimoine collectif. Il est donc primordial pour le gouvernement libéral de faire la lumière sur les agissements de la Caisse de dépôt. Pour dénoncer les conflits d’intérêts et pour empêcher qu’elle ne répète les mêmes erreurs spéculatives. Mon intuition me dit que tout n’est pas très joli dans ce dossier… Si le Premier Ministre ne veut pas ouvrir les livres, j’espère que Bernard Descôteaux prendra le relais et en forcera la lecture. Je ne crois pas que les journalistes de La Presse oseront creuser ce dossier. À suivre.

Ajout (12:20): Le Parti Québécois demande une enquête publique.

Illustration: Search Engine Land – Flickr

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Qui veut prendre le contrôle d’Hydro-Québec?

Posted by lutopium sur 7 février 2009

Encore une fois, les disciples de l’Institut Économique de Montréal (IEDM) nous vantent les bienfaits de la privatisation d’Hydro-Québec. Depuis une dizaine d’années, l’Institut propose aux citoyens québécois de se départir de leur société d’état et ce, pour diverses raisons: création de richesse, contribution au remboursement de la dette, augmentation de la productivité des employés, libéralisation du marché de l’énergie…

Après les nombreuses sorties de l’économiste Marcel Boyer (dont le salaire principal lui parvient d’une université publique), le flambeau semble avoir été relayé à Claude Garcia, ancien président de la compagnie d’assurance Standard Life et membre du conseil d’administration de la Caisse de Dépôt (organisme public). Le rôle de l’IEDM étant de « proposer des solutions originales et innovatrices afin de susciter l’élaboration de politiques publiques optimales en s’inspirant, notamment, de réformes appliquées avec succès ailleurs dans le monde », elle semble vouloir s’acharner à promouvoir la privatisation de nos services publics, particulièrement la vente des actifs d’Hydro-Québec (HQ), l’éducation post-secondaire, la santé et les services de transport en commun. Bénéficiant d’un budget annuel de 1,5 millions, l’IEDM est omniprésente dans les débats publics et bénéficie d’une couverture médiatique incomparable.

On pourrait se demander si M. Garcia s’emmerde depuis qu’il a quitté son poste à la Standard Life pour investir autant d’efforts dans la promotion de la privatisation d’HQ. Déjà, à l’été 2007, il signait un papier avec Marcel Boyer dans le quotidien Le Soleil où il suggérait que privatiser HQ permettrait « d’améliorer l’efficacité énergétique du Québec et la santé de nos finances publiques ». Et le voilà de retour en pleine campagne électorale et de nouveau cette semaine en exigeant, encore une fois, que la société d’état soit privatisée afin de pouvoir hausser les tarifs, forçant ainsi les québécois à « changer les équipements de chauffage de leurs maisons pour passer au gaz naturel, une méthode plus efficace. » Pincez-moi, je crois rêver…

Comme l’IEDM est présidée par Mme Hélène Desmarais, on aurait tendance à croire que cet acharnement à vouloir privatiser Hydro-Québec serait relié aux ambitions de son époux, le président de Power Corporation. Est-il nécessaire de rappeler que l’empire Desmarais est maintenant un joueur incontournable dans l’économie mondiale depuis qu’elle s’est assurée d’une participation importante dans Suez GDF, privatisée récemment par l’administration Sarkozy? La Suez Renewable Energy of North America (SRENA) est de plus en plus présente dans le marché énergétique des États-Unis et du Canada. Actuellement, la SRENA concentre ses activités dans la distribution énergétique dans 16 états américains tout en investissant sérieusement dans des projets éoliens au Canada et ici-même au Québec – grâce à la récente acquisition de Ventus Energy. Le groupe Suez GDF est également un joueur important dans la production et la distribution d’électricité en Amérique du Sud. Dans son plus récent rapport annuel, elle déclare:

« Nos investissements porteront essentiellement sur des capacités de production électrique, dans les énergies renouvelables et les énergies classiques, principalement en Europe, en Amérique Latine et en Amérique du Nord. Plus précisément, le Groupe a pour objectif de porter à 75 000 MW sa capacité de production électrique dans le monde d’ici à 2012. Suez entend notamment renforcer sa production d’énergie à partir de sources renouvelables (hydraulique, solaire, biomasse et éolien). Il vise également, en fonction de l’attente des autorités nationales concernées, à participer à la construction de centrales nucléaires de 3e génération en Europe et hors d’Europe, dans le but de détenir et d’exploiter ces capacités, qui devraient être mises en service à l’horizon 2015-2020. Le Groupe poursuivra également son développement dans le gaz et le gaz naturel liquéfié (GNL) en capitalisant sur ses positions fortes. »

La construction du port méthanier Rabaska, la proposition des conservateurs canadiens de privatiser Énergie Atomique Canada et la promotion de la vente d’Hydro-Québec convergent vers les aspirations de la riche famille québécoise. Lors du lancement de son récent livre sur l’Empire Desmarais, Robin Philpot suggèrait que le temps est propice au retour de Power Corporation dans l’économie industrielle canadienne. Même si le Parti Libéral ne semble pas chaud à l’idée de privatiser Hydro-Québec, il nous faudra demeurer extrêmement vigilants. D’ailleurs, comme le mentionnait le Canard Enchaîné en novembre dernier (repris dans la dernière édition de l’Aut’ Journal), « les emplettes réalisées à la Bourse depuis quelques semaines par deux milliardaires, le Belge Albert Frère et le Canadien Paul Desmarais. Ces deux copains de Sarko profitent librement de la crise pour acheter à bon prix des actions des grandes entreprises françaises et d’y renforcer leur participation ». Je crois qu’il y a anguille sous roche et que nos riches aristocrates ne baisseront pas les bras aussi facilement. Je ne serais pas surpris d’entendre Jean Charest relancer l’idée de la privatisation d’HQ lorsque la crise économique cessera d’être un frein aux investissements privés. C’est qu’il est capable d’être une girouette le Johnny!

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Obama : l’heure de vérité approche

Posted by lutopium sur 6 février 2009

Publié sur Alternatives – le jeudi 29 janvier 2009, par Normand Baillargeon

L’euphorique investiture d’Obama a porté à son comble les espoirs suscités par sa campagne. On se félicite, avec raison et moi le premier, de l’élection d’un Noir qui défend quelques idées progressistes à la Maison-Blanche – même si cette élection a été l’occasion pour une certaine intelligentsia de promouvoir une bien niaise américanophilie.

Que fera à présent Obama ?

Pour éviter de trop amères désillusions, je recommande de plonger un instant la tête dans les eaux glacées d’une minimale lucidité. Sans nier l’importance de cette base militante qui a travaillé très fort pour lui, il faut d’abord se rappeler qu’Obama occupe des fonctions que personne ne peut occuper sans avoir gagné à ce jeu de relations publiques largement coordonné et mis en scène par les institutions dominantes, et obtenu leur assentiment.

Par ailleurs, son gain minimal (46 % des votants ont choisi le tandem McCain-Palin), il le doit en partie au fait d’avoir su se présenter comme une sorte de tableau vierge sur lequel chacun a été invité à écrire ce qu’il voulait. À ces mots pouvant recouvrir à peu près tout ce qu’on voudra (par exemple : « espoir », « changement  », « on le peut »), chacun a entendu ce qu’il voulait bien entendre. Des interprétations bien divergentes ont d’ailleurs déjà été données de ce que ces mots signifient en matière de relations internationales, d’économie, de justice sociale, de droits humains et de politiques environnementales, qui sont parmi les plus importants chantiers qui attendent Obama. Le moment des gestes est arrivé. C’est celui sur lequel on juge un politicien. En fait, il a commencé avec les nominations faites par Obama.

Considérons l’économie.

L’ex-professeur de l’Université de Chicago a annoncé dès novembre des choix que ne renieraient pas les curés fanatiques du tout-au-marché qui y prêchent. Qu’on en juge. Thimothy Geitner, principal architecte des récents renflouements d’innombrables institutions financières, sera secrétaire du Trésor. Lawrence Summer, ex-conseiller de Reagan, sera le principal conseiller économique d’Obama et à la tête du National Economic Council. On lui doit d’ailleurs la déréglementation des marchés des années 1990. Lors de son passage comme économiste en chef à la Banque mondiale, il a déclaré qu’il était raisonnable de déverser nos déchets toxiques dans les pays pauvres. Paul Volcker, antitravailleur, ex-conseiller de Carter et de Reagan, est à la tête de l’unité spéciale qui supervisera la stabilisation des marchés financiers. On lui doit, alors qu’il présidait la Fed, une part de la récession de 1981-1982 et des taux d’intérêts (jusqu’à 20 %) de cette époque. Arrêtons là. Les institutions dominantes se sont dites rassurées par ces nominations. On les comprend : la banque de sang est confiée à Dracula.

L’économie américaine est pourtant dans une situation « pire que quiconque ne l’aurait imaginé », assurait récemment Paul Krugman. Obama semble conscient de la dure partie qui s’annonce : « Tout le monde devra y laisser de la peau », déclarait-il à ABC. Avec de tels conseillers économiques, on soupçonne d’où elle proviendra.

A contrario de ce romantisme qu’on nous serine ces jours-ci, le changement social ne s’effectue pas par des héros charismatiques. Il s’effectue par des mouvements sociaux luttant dans la durée et qui arrachent des victoires aux institutions dominantes. Il arrive certes que de tels mouvements portent un héros charismatique : mais lui n’est rien sans elles.

L’assurance santé universelle, des salaires décents, un impôt progressiste, l’assainissement et le contrôle des institutions financières, la lutte contre le réchauffement planétaire : ces promesses d’Obama sont bien minimales pour le pays le plus riche du monde. Elles ne se concrétiseront que si, dans les cruciales semaines à venir, progressistes, pacifistes mobilisés contre les guerres en cours, syndicats et mouvements communautaires maintiennent vivante la mobilisation populaire qui a contribué à faire élire Obama et exercent sur lui une pression qui contrebalance celle qu’exercent les Maîtres. Loin d’être l’aboutissement de la lutte politique, l’élection d’Obama doit en marquer la poursuite et l’intensification.

Illustration: Ben Heine – Flickr

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Le temps d’y penser

Posted by lutopium sur 4 février 2009

Chaque période de l’année a son thème, c’est maintenant un rituel. Aujourd’hui, nous sommes au beau milieu de la semaine de la prévention du suicide. Cette fois, on nous demande si nous y avons déjà pensé…

Le suicide – du latin suicidium, du verbe sui caedere (se massacrer soi-même), est l’acte délibéré de mettre fin à sa propre vie.

Et si nous serions entrés dans un mouvement de suicide collectif? N’avez-vous pas l’impression parfois que nous fonçons tête baissée vers la disparition de la race humaine? Ça fait près de 50 ans que les experts du Club de Rome nous ont mis en garde devant nos habitudes de consommation qui polluent nos corps et ceux des espèces qui partagent notre planète. Qu’attendons-nous? Y avons-nous pensé?

« Comment se peut-il que le plus puissant des instincts, celui de la survie, ait apparemment cessé de nous motiver? L’une des explications les plus évidentes tient à ce que les dirigeants entreprennent de nombreuses démarches leur permettant d’avoir l’air de prendre des mesures en vue d’éviter la catastrophe: des conférences interminables, des résolutions, des débats sur le désarmement, tout cela donne l’impression que les problèmes sont identifiés et que l’on fait quelque chose pour les résoudre. Et pourtant, il ne se passe rien d’important; mais les dirigeants comme les dirigés anesthésient leur conscience et leur désir de survie en donnant l’apparence qu’ils connaissent la route et qu’ils se dirigent dans la bonne direction. » – Erich Fromm, Avoir ou être, 1976.

Des politiciens qui foncent inconsciemment vers un suicide professionnel car ils n’ont pas voulu payer leurs impôts, court-circuitant ainsi les efforts d’un président américain qui semble vouloir remplacer l’appértit destructeur de son prédécesseur et redonner un peu d’espoir à son peuple. Des hommes d’affaires égoistes, qui préfèrent s’enrichir démesurément au lieu de partager un peu de leur richesse et éviter la faillite de leur entreprise. Des consommateurs hédonistes, attirés par le plaisir et l’évasion, qui n’hésitent pas à brûler des tonnes de mazout pour se rendre sur les plages antillaises afin d’accéder aux plaisirs autrefois réservés à leurs maîtres.

Des mesures extraordinaires seront prises prochainement pour prendre soin d’une récession mondiale. Nous devrions peut-être nous préoccuper de la dépression de l’humanité, avant qu’il ne soit trop tard… Y avez-vous pensé?

Illustration: Just Johnny – Flickr

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Krash le cash

Posted by lutopium sur 1 février 2009

Bien des gens fondent de grands espoirs dans les mesures interventionnistes des gouvernements américain et canadien. Suite à l’éclatement de la bulle financière spéculative, les investisseurs sont invités à retourner vers une économie de « brique et mortier » et les travailleurs espèrent sécuriser leurs emplois grâce aux grands projets d’infrastructures. Lors du dépôt de son récent budget, le ministre canadien des Finances a annoncé des investissements de 12 milliards dans ces grands chantiers dont 6 milliards pour les provinces et municipalités.

Les projets municipaux qui recevront ce financement devront être présentés au plus tard le 9 février prochain. Les infrastructures qui seront touchées par ces mesures budgétaires ont depuis longtemps quitté la planche à dessin: on compte plus de 2,200 projets qui sont déjà prêts à être lancés. D’ailleurs, 4 milliards seront investis pour la remise en état des infrastructures actuelles. « Cet argent aidera les municipalités à s’attaquer enfin aux retards sans cesse croissants dans la réparation des routes, des égouts, des ponts et des infrastructures de transport collectif…  l’argent neuf affecté aux infrastructures récréatives permettra aux municipalités d’entreprendre des projets de construction et de réparation de patinoires de hockey, de piscines et de centres communautaires. » déclarait Jean Perreault de la Fédération canadienne des municipalités le 28 janvier dernier.

Certes, on peut se réjouir par de telles mesures, mais nous sommes tout de même loin d’un New Deal… Finalement, en sommes-nous arrivés à un déficit budgétaire pour réparer nos vieilles infrastructures? Que serait-il arrivé si nous n’avions pas connu la crise des subprime? Nos villes seraient-elles tombées en ruine? Tous les partis politiques gouvernent en mode réactif. On injecte de l’argent pour réparer des infrastructures en décomposition… Les routes, les ponts, les écoles, les hôpitaux… un patrimoine collectif à la déroute. À force d’appliquer des diachylons à gauche et à droite, nous négligeons les investissements dans de nouveaux projets qui pourraient améliorer le transport en commun, le développement d’énergies renouvelables et l’éducation de nos enfants. Où sont les vrais grands projets?

Encore une fois, nous avons un budget fédéral qui accorde une très grande importance au rôle que peut jouer l’appareil bancaire dans la relance de l’économie. Inspiré par l’approche américaine, notre gouvernement semble favoriser l’injection de fonds dans le refinancement de la dette immobilière et dans l’accessibilité du crédit. Serait-ce pour permettre à nos spéculateurs-redevenus-investisseurs de profiter de ces injections de fonds dans les projets d’infrastructures? Si on croyait aux complots et à une synergie invisible des forces du marché, on pourrait imaginer une grande banque canadienne réagir de cette façon:

TORONTO, le 22 janvier 2009. /CNW/ – Les gouvernements du monde entier commencent 2009 en se concentrant davantage sur la création d’emplois et le renforcement de l’économie au moyen d’une augmentation des dépenses dans les projets d’infrastructures. Comme les gouvernements accélèrent le rythme de leurs dépenses d’infrastructure dans des projets concernant les routes, les ponts, les chemins de fer, l’énergie, les transports en commun et les aéroports, les infrastructures comme catégorie de placements deviendront de plus en plus intéressantes pour les investisseurs particuliers qui désirent participer à la croissance.

« L’accroissement des dépenses d’infrastructure est la pierre angulaire de nombreux plans de relance gouvernementaux annoncés pour répondre au ralentissement mondial. Nous prévoyons aussi qu’étant donné la pression croissante exercée sur les budgets publics, les organismes de réglementation et les gouvernements offriront des rendements plus élevés à ceux qui veulent investir dans les infrastructures afin d’attirer les capitaux du secteur privé. »

Pour les investisseurs particuliers, l’occasion réside dans les partenariats public-privé. Comme les gouvernements cherchent à faire participer le secteur privé à leurs projets d’infrastructure, le financement de projets par le secteur privé attire en foule les investisseurs particuliers vers cette catégorie d’actif émergente, naguère réservée aux investisseurs institutionnels.

Vous croyez rêver? Il s’agit ici d’un communiqué lancé par la Banque Canadienne Impériale du Commerce (CIBC) quelques jours avant la publication du budget Flaherty… Nos banques sont prêtes. Et que suggère l’opposition libérale? Demander des comptes aux conservateurs à tous les trois mois… Pincez-moi, je crois rêver.

Photo: canadian pacific – Flickr

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