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Archive for the ‘Éducation’ Category

Liberté de conscience

Posted by lutopium sur 14 Mai 2009

Ce billet est publié simultanément sur le blogue collectif “Les 7 du Québec ».

Cette semaine au Québec, deux évènements qui n’ont aucun lien mais qui utilisent le même principe pour défendre leurs positions: la liberté de conscience. Tout d’abord, le début de ce procès qui vise à rendre inconstitutionnel le nouveau cours sur l’éthique et la culture religieuse (ECR) et la résolution des membres de la Fédération des Femmes du Québec (FFQ) en ce qui concerne le port de symboles religieux pour les travailleurs et travailleuses de la fonction publique.

En ce qui concerne l’opposition au cours sur l’ECR, je n’en reviens toujours pas. D’emblée, je dois avouer que je suis agnostique et que les dogmes et l’approche monothéiste me laissent complètement indifférent. Cependant, j’ai toujours cru bon que mes deux enfants soient « exposés » au phénomène des religions et de la spiritualité, qu’elles découvrent par elles-mêmes ces mystères de la vie humaine et qu’elles choisissent leur propre cheminement. Évidemment, avant l’arrivée de l’adolescence, l’intérêt des enfants pour le phénomène religieux est, plus souvent qu’autrement, associé à la fête et aux cadeaux. Et vive le Père Noël et le Lapin de Pâques.

Les parents de la région de Drummondville qui ont porté leur opposition au palais de justice, appuyés par la Coalition pour la liberté en éducation, utilisent la clause de « liberté de conscience » afin de prouver le bien-fondé de leurs revendications. Quelle approche paradoxale! Chers parents évangélistes, ne me parlez pas de liberté de conscience si vous refusez aux enfants l’opportunité d’apprendre sur les autres dogmes de la planète… Soyez conscients que votre approche médiévale ne servira qu’à renforcer ce repli-sur-soi qui alimente la ségrégation et la méfiance des autres. Nos amis de l’ADQ et du Parti Conservateur seront probablement tentés de courtiser ces parents… Car, ce qui semble être un des éléments déclencheurs de cette inititative, c’est la sacro-sainte Autonomie et le rejet d’un ministère de l’Éducation qui conçoit les programmes scolaires. Si la Cour permettait aux parents de retirer leurs enfants du cours ECR, elle leur donnerait du même coup le droit de ne pas assister aux cours d’histoire. Ça leur permettrait d’endoctriner leurs enfants avec la théorie du créationnisme.

La défense des droits religieux est donc à la mode ces temps-ci. Que penser de la position surprenante de la FFQ sur l’idée de permettre le port de signes religieux pour les fonctionnaires de l’État? Encore une fois, l’importance qu’on donne à ces symboles me laisse complètement indifférent. Vous désirez porter un crucifix, un hijab ou un kirpan pour démontrer votre soumission aux Écritures? C’est votre décision. Cependant, si votre emploi exige une certaine « neutralité », je crois que vous devriez faire preuve d’un peu d’humilité.

La FFQ se veut avant tout un organisme qui fait la promotion de l’égalité des femmes et des hommes. Elle doit choisir entre un appui envers la liberté fondamentale des femmes ou leur soumission envers leurs époux. Les femmes musulmanes qui luttent contre l’oppression partout dans le monde veulent se détacher de l’emprise des hommes qui utilisent les Écritures, comme bon leur semble, afin d’assurer leur autorité patriarcale sur la famille et la société. On ne peut pas défendre un morceau de tissu, la polygamie ou la répression pour faciliter l’accès à un emploi. Lorsqu’on choisit de venir s’établir au Québec, ou dans toute autre société « moderne », on doit s’attendre à des compromis afin de faciliter notre intégration. Si les femmes-journalistes des pays occidentaux portent le voile lorsqu’elles nous offrent des reportages en provenance des pays musulmans et ce, en respect des traditions en cours dans ces pays, nous sommes en droit de nous attendre que les néoquébécois fassent preuve d’une ouverture similaire lorsqu’ils décident de venir vivre ici avec nous.

Si on suit le raisonnement de la FFQ jusqu’au bout, on pourrait justifier l’utilisation de la violence afin de permettre à un jeune garçon d’accéder à la ligue nationale de hockey…

Il y a une trentaine d’années, nos voisins du sud ont réussi à associer des revendications religieuses au programme politique du Parti Républicain. Serions-nous en train de vivre la naissance d’une droite religieuse qui vise à influencer le pouvoir politique et les choix de société?

Illustration: Frank Benson – Flickr

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Problèmes de gars

Posted by lutopium sur 2 avril 2009

Ce billet est publié simultanément sur le blogue collectif « Les 7 du Québec ». Vous êtes invités à laisser vos commentaires sur ce site.

Il y a quelques semaines, j’apprenais qu’un jeune homme de la région avait perdu la vie dans un accident de la route. Je connais son père, que je cotoie à tous les étés dans notre ligue amicale de softball. Selon le service de police, l’alcool et la vitesse pourraient être à l’origine de l’accident. L’explication semble plausible. Il était quatre heures du matin et la petite Subaru Impreza roulait à toute vitesse dans une zone limitée à 50 kilomètres à l’heure. Le jeune homme était assis sur le siège du passager. La voiture a frappé un arbre de plein fouet. On a constaté son décès peu après son arrivée à l’hôpital.

Après avoir témoigné notre sympathie à la famille, plusieurs joueurs de la ligue se sont retrouvés ensemble, ce qui est plutôt rare au mois de mars. La confrèrerie estivale est rapidement réapparue. Évidemment, les gars avaient besoin de parler de l’accident. Les causes, les hypothèses, les cas similaires, le « pourquoi ».

« De 2000 à 2004, 14 082 personnes ont perdu la vie dans un accident de véhicule à moteur au Canada. De ce total, 3 417, soit près du quart (24 %), avaient de 15 à 24 ans. Quel que soit le groupe d’âge, les taux de mortalité étaient systématiquement plus élevés chez les personnes de sexe masculin que chez celles de sexe féminin. Les jeunes hommes de 15 à 24 ans étaient particulièrement exposés au risque, le taux de mortalité chez eux étant de 22,8 décès pour 100 000 comparativement à 8,8 décès pour 100 000 chez les femmes du même âge. » – Statistiques Canada

Problème de gars. La vitesse, le culte du char. Se défoncer avec l’alccol et les drogues et conduire son char. Autour de la table, les gars se regardent, avec un air coupable et un désir de rédemption.

Et la violence? Un autre problème de gars? Elle est partout. Dans les sports, les jeux vidéos, les guerres aux quatre coins de la planète. Les militaires, les chefs d’état, les terroristes, les tueurs… une affaire de gars. Elle est également conjugale la violence. Faut bien avouer que la plupart du temps, les femmes sont victimes de notre violence.

« … L’étude a montré que les auteurs d’un homicide ou d’une tentative d’homicide sur le conjoint étaient en majorité des hommes (82 %), comparativement à 18 % qui étaient des femmes. La proportion d’auteurs d’homicide sur le conjoint qui étaient des auteurs récidivistes de violence conjugale était 3,5 fois plus élevée que celle de leurs homologues féminines. » – Statistiques Canada

Parmi nous, un travailleur social nous rappelle que même si les décès liés au suicide sont en baisse au pays, il est plus fréquent chez les hommes.

« Surveillance de la mortalité par suicide au Québec : pour l’année 2006, 1136 personnes sont décédées par suicide au Québec, dont 883 hommes et 253 femmes. » – Institut national de santé publique du Québec

On s’est promis de réagir à toute situation où la violence est banalisée. Certains parlent des matches de hockey, des combats de boxe. D’autres dénoncent les jeux vidéos. Counter Strike.

À chaque fois où l’occasion nous est donnée, il faut court-circuiter les facteurs qui peuvent justifier la violence. Il faut arrêter d’adorer les chars et d’associer la vitesse à un sport, un exploit. Nous sommes tous un peu responsables de ce lavage de cerveaux. De petits gestes peuvent faire la différence. Entre gars.

Photo: realtimeart – Flickr

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Les québécois… bons derniers?

Posted by lutopium sur 31 août 2008

Jeudi dernier, j’ai passé une bonne partie de la soirée à regarder la couverture du congrès démocrate sur MSNBC.  Les animateurs de la soirée, les journalistes Keith Olbermann et Chris Matthews, avaient de la difficulté à cacher leur enthousiasme.  Après les prestations de Will.I.Am, Sheryl Crow et Stevie Wonder, il était évident que les démocrates avaient le vent dans les voiles.  Lors du discours de Barack Obama, l’Amérique vivait un moment historique.  Un simple citoyen semble s’être tracé un chemin au travers de la grosse machine politique.  Jouant de prudence sur les enjeux économiques – afin de ne pas trop brusquer les baîlleurs de fonds et le pouvoir invisible – le candidat a proposé une trève à l’Amérique en lançant un appel à la solidarité et à la lutte contre la pauvreté.

On peut douter des réelles ambitions de Barack Obama et de sa capacité à rallier les membres du parti ainsi que les électeurs.  Peut-être a-t-il trouvé une façon d’équilibrer les forces en présence à l’intérieur de son parti, d’en arriver à proposer des mesures sociales drastiques tout en remodelant une stratégie militaire qui saura être satisfaisante aux yeux des américains patriotiques?  Je parie que la majorité des américains n’est pas belliqueuse dans l’âme…  Je crois qu’elle en a assez et qu’elle sera attirée à pencher vers une telle approche…

Après une soirée historique à contempler les paradoxes de la société américaine, je me suis rappelé mon pays.  Celui qui semble être attiré de plus en plus par les politiques « de droite », celui qui sera appelé à donner un autre mandat aux conservateurs ou les foutre à la porte, celui qui semble avoir de la difficulté à comprendre ce qui est arrivé à Montréal-Nord, celui qui porte attention aux discours de Mario Dumont….

Des parents signent une pétition contre le nouveau cours sur « l’éthique et les les religions », favorisent l’école privée et demandent aux écoles d’instaurer la discipline au sein de leur famille.  Afin de protéger ses acquis, Mario Dumont parle aux électeurs du 450, et à ceux du 418…  La réponse aux problèmes de Montréal-Nord, l’école privée avec ses uniformes, ses équipes de football et ses génies en herbe?  Les conseillers de Mario Dumont doivent bien savoir que Montréal-Nord n’est pas Rivière-du-Loup…

Serions-nous tout à coup plus conservateurs que les américains?

À lire: L’aile démagogique du Québec, souvent nommée l’ADQ

Mario Dumont, Montréal-Nord et l’éducation

Grease ou Columbine?

Photo: Netream – Flick

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L’ambiance sociale

Posted by lutopium sur 26 juillet 2008

En attendant la publication de la deuxième partie de « Pas besoin des britanniques pour être colonisés », j’aimerais partager avec vous un passage du bouquin « Traité du caractère » d’Emmanuel Mounier (1946). 

« …Psychologiquement comme socialement, il y a des riches et il y a des pauvres.  La richesse est un tonique de l’équilibre psychique, quand l’usage en est réglé.  Héréditaire, elle assure déjà sur plusieurs générations, en facilitant les conditions d’hygiène et les soins du corps, un solide équilibre de base, quand toutefois elle n’est pas employée à le ruiner d’unautre bout.  En simplifiant toutes les démarches de la vie, en amortissant les chocs, en aplanissant les rapports humains, elle est un bon protecteur contre le surmenage nerveux.  En frayant à l’adaptation des chemins difficiles, elle met l’individu dès le jeune âge en bonne camaraderie avec le réel; d’où cette assurance aisée, cet aplomb qui marquent si fréquemment celui dont la richesse est l’élément de vie dominant.  Par le même effet, elle tourne à l’action et détourne de la vie intérieure, de ses complications comme de ses recueillements.  L’enfant riche dispose très tôt d’un milieu socail varié : d’où son éveil précoce.  Le plus superficiel gardera toute sa vie ce vernis mondain qui sert à beaucoup de vie intellectuelle.  En raréfiant les renoncements, en satisfaisant avec une régularité trop automatique les exigences de l’instinct, la richesse favorise considérablement l’égoïsme et hypertrophie les sentiments de possession.  Aussi bien est-elle pour l’homme, malgré les heureusescomplicités que nous venons d’énoncer, le plus dangereux héritage, car du jour où elle est l’objet de jouissance et non plus de conquête, elle le prive de tous les instruments de la grandeur humaine : l’obstacle, l’échec, le sacrifice, la difficulté, l’expérience de la détresse, la compassion.  Elle détend les ressorts, durcit les cœurs, disperse les énergies et l’attention à la vie.  Une sorte de facilité de décadence pèse sur le jeune homme riche du poids même de ses avantages.  Quelquefois il y échappera par l’aventure, que plus que d’autres il a les moyens de satisfaire.  Plus souvent, il cède à l’ambiance molle du confort : la psychologie du riche dans la richesse établie est différente de sa psychologie dans la richesse ascendante.

La pauvreté, au contraire de la richesse, établit au départ de la vie psychique un barrage d’empêchements : santés affaiblies d’ascendants en descendants, mauvaise alimentation, spectacle précoce de la misère et de la laideur, vie familiale souvent agitée et dure, multiplicité  des blesures affectives de l,enfance.  Toutes les luttes sont abordées par lui à inégalité, plus longues, plus dures que pour un autre.  Par cette défaveur même, il est très jeune trempé à l’action : plus vite qu’un autre, s’il est socialement fragile, jeté dans des situations de désarroi, plus vite, au cas contraire, mûri et débrouillé.  Il connaît l’admirable solidarité de la misère, là où la pauvreté est restée dans les limites humaines; sinon, il est sollicité entre deux attitudes : l’âpre combat avec ses pairs autour de leur maigre héritage commun; ou la dure solidarité du ressentiement collectif.  L’une et l’autre saisissent le psychisme tout près de l’instinct menacé et tiennent de ce voisinage une force virulente qui fait des hommes durs, dans l’égoïsme ou le combat.

Il conviendrait d’étudier non seulement l’incidence de ces situations sociales, mais plus précisément celle des structures sociales, qui commandent en partie nos réactions individuelles… »

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Sommes-nous islamophobes?

Posted by lutopium sur 15 juin 2008

Il y a de ces souvenirs qui s’accrochent à nos mémoires individuelles et collectives…  Mon enfance, et peut-être la vôtre, a été enrobée d’émissions pour enfants, de films de Walt Disney et de dessins animés de toutes sortes.  J’étais, je suis encore, un grand fan de Bugs Bunny et des Looney Tunes.  Autrefois amusants, ces personnages nous rappellent aujourd’hui le contexte historique dans lequel ils ont pris formes et personnalités.

Je me souviens de Popeye, ce courageux matelot qui tentait de nous faire croire que les épinards rendent invicible même s’il faut les avaler d’un coup, directement de la canne de conserve si possible.  Un des épisodes nous transportait dans les contes des mille et une nuits et notre héros américain devait se mesurer à Ali Baba et ses quarante voleurs.  Mes yeux d’enfants ont bien capté le message : les arabes étaient méchants et sans merci.  Gloire à Dieu, Popeye veillait au grain.  Une autre image bien classée dans les tiroirs de l’incompréhension.  Dans mon patelin des années soixante et soixante-dix, c’était Hérouxville.  Il n’y avait que des catholiques-blancs-francophones dans ma petite banlieue.  C’est à la télévision qu’on découvrait le monde!

Les réflexions paternelles alimentaient ce germe d’inexplicable.  Mon père semblait être au courant de tout.  Il prétendait même connaître des gens qui arrivaient de ces contrées lointaines.  Lors d’une traditionnelle balade en voiture, j’aperçois l’enseigne d’un vendeur de chars : Lahoud Automobiles.  À ma grande surprise, mon père est au courant de toute l’histoire derrière ce concessionaire Volkswagen!  J’ai retenu de ses paroles que ces gens faisaient partie d’un groupe étrange, ils n’étaient pas des canadiens-français, ni même des anglais.  Selon lui, ils représentaient la « pire » espèce : les syriens.  Un peu plus tard, j’ai appris que la famille Lahoud était d’origine libanaise, ce qui confirmait que mon père atribuait une trop grande importance aux commérages.  Trop tard, le dommage était fait.  Pas surprenant qu’il soit devenu un disciple d’André Arthur…

Comment ai-je réagi aux attentats de l’OLP aux jeux olympiques de 1976?  Quel impact ont pu avoir les caricatures de Yasser Arafat présentées par les Bleu Poudre?  Pourquoi ai-je douté de l’innoncence de Maher Arar lorsqu’on a découvert son incroyable histoire de déportation et de torture?

On ne peut pas nier que l’incompréhension que manifestent les nord-américains envers le monde arabe est pire que jamais, surtout depuis les évènements du 11 septembre 2001.  Avez-vous remarqué le nombre grandissant de blogues politiques « de droite » qui affichent des logos qui prônent un support incontesté envers Israel et même la promotion de la guerre contre les talibans?  Comment expliquer la réaction de millions d’américains qui sont clairement inconfortables avec le passé religieux de Barack Obama?  L’aspirant à la présidence des Etats-Unis n’a même pas été en mesure de court-circuiter le débat.  Il le sait très bien : impossible de coucher à la Maison Blanche si vous êtes associé de près ou de loin à Mahomet.  Seuls les chrétiens peuvent devenir le commandant en chef de l’armée américaine.  Surtout lorsque ses généraux et lieutenants sont en guerre contre le terrorisme, encore incarné aujourd’hui par le fantôme des conflits internationaux : Ben Laden.  Leur promotion de la « démocratie » et du libre-marché est incompatible avec le dialogue, il faut écraser ces gens qui refusent l’évangélisation néoconservatrice.

Avez-vous entendu parlé d’un antidote à ce lavage de cerveau?

Photo : Spiff 27 – Flickr

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Enfants handicapés et accès à l’éducation: conversation entre un libertarien et un gauchiste

Posted by lutopium sur 6 avril 2008

Revu et corrigé le 9 avril 2008 afin d’alléger le site.  Basé sur la version finale parue dans Cent Papiers le 8 avril 2008.

La Presse publiait la semaine dernière une série d’articles sur les écoles et sur l’intégration des élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation. Le texte qui suit se veut une réaction suite à une opinion émise sur le blogue libertarien « Un Québécois Libre ».

Certains connaissent mon style simpliste et mon approche quelque peu utopique. Pas de surprises ici, je fais partie des idéalistes… Contrairement à la proposition libertarienne qui prône l’accès de nos « élites » vers des écoles privées à but lucratif, je crois plutôt qu’il serait préférable pour la société de regrouper TOUS les enfants vers le système public afin de le renforcer. Si tous les élèves du primaire et du secondaire se retrouvent ensemble, peu importe le pouvoir d’achat des parents et des capacités intellectuelles des enfants, tout le monde en sortirait gagnant. L’exode des élèves doués et privilégiés vers les écoles privées pénalise le système public à bien des égards. Jetez un coup d’oeil dans La Presse de vendredi dernier et vous comprendrez que les professeurs des écoles publiques n’y arrivent plus. Et c’est dû en grande partie à la popularité grandissante des écoles privées. Les grands perdants dans cette « division des classes » sont les enfants en difficulté, les enfants handicapés et les familles qui n’ont tout simplement pas les moyens de choisir les établissements privés.

Les revenus des écoles privées proviennent indirectement de l’état. Que ce soit au niveau des subventions qui couvrent plus de la moitié des frais annuels ou des crédits d’impôt alloués aux parents, les écoles privées sont presque entièrement financées par les deniers publics. Alors, si tous les élèves convergent vers le système public, son financement sera automatiquement plus adéquat et on pourra offrir des services de qualité. On pourra recruter les spécialistes pour accompagner les élèves qui en ont réellement besoin, on pourra diminuer la charge des professeurs en ramenant le nombre d’élèves par classe à un niveau acceptable et on pourrait offrir des programmes spéciaux visant à entretenir la soif d’apprendre qu’ont certains élèves plus doués.

Mes enfants vont à l’école publique. J’ai les moyens de suivre la « parade » et de leur offrir l’école privée. Mais je m’y refuse. Pour moi, choisir les institutions privées c’est confirmer son refus à la solidarité citoyenne. Je sais que ce n’est pas votre dada et que mon opinion gauchiste ne vous surprendra pas. Je tenais à amener mon grain de sel et voir comment vous pourriez me faire changer d’idée. J’ai lu beaucoup sur le sujet, j’en ai discuté amplement avec des copains qui, comme nous, ont dû choisir entre le public et le privé. Lors de l’entrée de nos enfants au primaire, nous avons choisi une école publique. Lors du passage de notre plus vieille vers le secondaire, nous avons décidé de garder le cap.

L’enseignement qui est donné à son école secondaire est à la hauteur de nos attentes. Notre enfant démontrait des aptitudes supérieures à la moyenne et elle fait partie d’un groupe enrichi en maths et en français. De plus, nous prenons plaisir à investir du temps en famille afin de nourrir cette soif d’apprendre, ce que les parents (du moins, c’est l’impression que j’ai) semblent négliger. Au lieu de laisser les enfants glisser vers l’écran cathodique (télé, ordi, jeux vidéo) à outrance, nous profitons de certains temps libres pour discuter et débattre d’évènements historiques, de géographie, de politique, etc. Évidemment, ma conjointe et moi ne sommes pas des bourreaux de travail. Après la semaine de 40 heures, c’est le retour au foyer et l’expérience d’une vie familiale simple et bien remplie.

En terminant, j’aimerais apporter une opinion sur le palmarès de l’Actualité et de l’Institut Économique de Montréal : le classement des écoles privées ne vaut rien. Primo, les enfants qui fréquentent ces écoles sont plus « doués » que la moyenne, car c’est une condition d’accès et ils devront retourner vers le public s’ils ne sont pas capables de maintenir de bonnes notes ou s’ils font preuve de comportements inadéquats. Secundo, et ce sont des professeurs qui me l’ont confirmé, les résultats sont parfois truqués afin de protéger le classement de l’école dans ce palmarès. Je trouve ça fort malsain.

Photo : Université de Chicago, par Androfire- Flickr

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Le sermon de Mario

Posted by lutopium sur 18 décembre 2007

Suite à la récente sortie de Mario Dumont sur le cours « Éthique et culture religieuse », plusieurs citoyens, journalistes et députés ont tenté de le ramener dans une avenue plus équilibrée mais, encore une fois, il a décidé d’aller au bout d’une idée en tentant de provoquer un débat de société sur une question qui semblait réglée, celle de la laicisation des écoles.

Après son envolée digne d’un républicain du Tennessee, Mario s’est fait rappelé par le député autochtone Alexandre Wawanoloath (PQ) que l’exemple sarcastique qu’il a utilisé pour défendre sa thèse fait partie de la mythologie des Abénakis, des Malécites et des Micmacs. Les conseillers de Mario se montrent encore maladroits, n’ayant pas été en mesure d’identifier la provenance et la signification du mot « Glouskap ». Et comme le mentionnait Michel David dans son éditorial de samedi dernier : « …les aventures de Glouskap, aux prises avec la vilaine sorcière Poujinkouesse, qui s’est transformée en maringouin pour mieux persécuter les hommes, intéressera les enfants beaucoup plus que les malheurs d’Adam et Éve chassés du paradis. »

Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard s’est également indigné des propos de Dumont dans les pages du Soleil . La vice-première ministre Nathalie Normandeau a par la suite demandé à Mario Dumont de présenter des excuses publiques auprès des autochtones.

Comme toutes ces réactions n’ont pas su convaincre Mario de réajuster le tir, il nous rappelait encore aujourd’hui, par voie de communiqué , que « …notre patrimoine religieux fait partie intégrante de notre identité. » Mais de quel patrimoine religieux fait-on référence ici? À l’histoire du clergé québécois? À nos somptueuses églises de campagne qui donnent tant de charme et de personnalité à nos villages? Essait-on de ressuciter la popularité des sacrements tels que le baptême, la petite communion et la profession de foi? Est-ce une idée du lobby de l’industrie hôtellière qui voudrait profiter de mariages plus nombreux?

Désolé monsieur Dumont, mais je ne vois vraiment pas comment l’école d’aujourd’hui pourrait ramener la religion traditionnelle dans les foyers québécois. Les gens peuvent croire en un être suprême, aux valeurs humaines et à la vie éternelle, mais ils ne retourneront pas à l’église au pas de course même si les professeurs devenaient des évangélistes chevronnés.

Lorsque mes enfants entendront des histoires de Jésus de Nazareth, j’espère qu’ils verront en lui un citoyen indigé devant le pouvoir et les injustices et non comme le fils d’une vierge et d’un Dieu n’ayant de pardon que pour les siens. J’espère que l’on parlera de sa révolte contre les marchands du temple, eux qui me rappellent nos entrepreneurs avares de privatisation et de croissance économique sans limite.

Je crois que nous aurons de belles discussions avec nos enfants si ce cours atteint ses nobles objectifs. Une approche historique et culturelle du phénomène religieux qui allumera la curiosité de nos enfants. Certains d’entre eux seront appelés à approfondir ces connaissances philosophiques en se tournant vers la religion. À défaut de trouver une mosquée ou un temple bouddhiste à proximité, ils pourront aller à l’église et explorer ces enseignements et leurs théories. Si la voie s’avère juste, ils deviendront des hommes et des femmes heureux de leur découverte et ne désireront que le bien commun et la justice sociale, tout comme Jésus le souhaitait à son peuple. L’égoisme et le repli sur soi n’est pas enseigné par l’église catholique. Ni aucune autre, à ce que je sache.

Ce billet fait suite à « Mario sur la montage »

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Mario sur la montagne

Posted by lutopium sur 16 décembre 2007

« Si quelqu’un enseigne autre chose, et ne s’attache pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l’enseignement vraiment religieux, un tel homme est plein de lui-même, il ne sait rien, c’est un malade de la discussion et des querelles de mots. » Timothée, 6,3

J’imagine déjà mononcle Hervé reprendre la bonne parole de Mario Dumont lors du prochain souper de Noël… Lui qui, la veille, aura effectué sa visite annuelle à l’église afin d’y acheter son laisser-passer pour le paradis et la vie éternelle. Il nous rappellera l’importance de la messe de minuit parce qu’elle nous ramène à notre enfance, parce qu’on peut y entendre la chorale qui a travaillé fort toute l’année pour nous offrir des cantiques et qu’il n’était pas le seul à avoir une haleine d’alcool lors de l’eucharistie…

S’en suivra alors une discussion animée sur la disparition de nos traditions et sur les accommodements raisonnables. Tout d’un coup, la flamme culturelle s’allumera et le sapin planté au milieu du salon brillera de toutes ses ampoules. Après quelques verres de gros gin, il est fort à parier que mononcle Hervé se permettra quelques commentaires racistes et nous rappellera comment il était bon de vivre sous la gouverne de Maurice. Tout d’un coup, se dessinera une unanimité sur notre devoir de protéger notre passé et d’assurer l’avenir de nos jeunes. Ancien professeur au secondaire, mononcle Gaston, nous fera un sermon sur l’importance d’enseigner la bonne parole aux élèves car c’est la seule façon d’apprendre les bons comportements chrétiens et l’amour du prochain. Habituellement réservée, matante Mariette lui demandera s’il a appris à détester la plupart de ses collègues de travail grâce à ces sermonts ou s’il est simplement malheureux de son existence.

Comme c’est l’habitude, il y aura de francs échanges et un début de chicane lorsque matante Yvonette placera la buche au milieu de la table. Mononcle Hervé songera même à quitter les lieux car il peut difficilement discuter avec les autres, il est plutôt du genre à imposer ses idées, car ce sont les bonnes, évidemment.

J’espère que Marie-Pascale, la nièce qui a fait le tour du monde, essaiera de calmer le jeu… Elle qui a partagé sa vie avec un Égyptien un jour et avec un américain bouddhiste un autre, rappellera aux mononcles et aux matantes que les seules raisons qui nous réunissent en ce souper de Noël c’est l’obligation familiale et la nostalgie du bon vieux temps. Elle questionnera ce rassemblement annuel en nous demandant ce que signifie réellement cette fête. Elle mettra en lumière l’hypocrisie de certains et la jalousie des autres. Nous serons tous un peu nerveux à l’approche de l’échange de cadeaux.

Pour sortir la discussion de cette impasse, la fille de l’hôtesse, la jolie Carole, demandera à son fils Mathieu ce qu’il a appris dans son cours d’enseignement religieux au primaire. Il nous parlera, avec fierté, de la célébration de la naissance de Jésus, des rois mages de la crèche et tout le reste. La nostalgie réapparaîtra alors et une atmosphère de paix et de douceur s’installera au salon coincidant avec l’arrivée de mononcle René que tous ont reconnu malgré le costume du Père Noël. Le plus jeune du groupe, le neveu Gabriel, demandera alors à son père si ce personnage mal rembourré avec une barbe synthétique est le papa de Jésus.

Tous seront d’accord pour dire que les traditions se perdent et que Mario a finalement raison. Il faut conserver l’enseigement religieux dans les écoles. À quoi bon célébrer cette fête si on ne fait que manger, boire et admirer les résultats de notre soif de consommer. Il faut ramener Jésus dans le portait.

Mario a vu juste encore une fois. Amener le débat sur l’importance de la religion quelques jours avant les festivités de Noël. Ce débat devrait être en sa faveur car la majorité des québécois sont d’accord avec le cardinal Ouellet en permettant l’accès au cours de religion à l’école. Mario sait très bien que les parents seront réceptifs à son idée que l’école s’occupe correctement de leurs enfants car ils n’ont plus le temps et l’aide aux devoirs les effrait. Il sera reconnu comme notre grand protecteur car « il faut être prudent avec ce que l’on enseigne aux enfants en bas âge ».

Il aura même pris le soin de séduire mononcle Edmond et l’électorat montréalais en nous rappelant qu’il faut « réorienter le contenu du cours en fonction de la réalité québécoise où les religions catholiques et protestantes sont toujours prépondérantes… ». Tu es fort Mario.

À lire également :
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Mario Dumont enfourche le cheval de l’enseignement religieux à l’école

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