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Pourquoi un gouvernement majoritaire en temps de crise?

Posted by lutopium sur 28 octobre 2008

Je suis un de ceux qui n’achètent pas l’argument de Jean Charest qui laisse croire qu’il est important pour le Québec de se doter d’un gouvernement majoritaire afin de traverser la crise économique qui se pointe le nez. Je ne sais pas si vous ressentez le même pessismisme, mais j’ai l’impression que les choses vont mal tourner après les fêtes. Je ne suis pas un expert en économie ou en finance mais j’ai l’intuition que le ralentissement que nous connaîtrons après la consommation folle de décembre sera le pire des vingt ou trente dernières années. Nous achèterons moins, les taux d’intérêt augmenteront, les entreprises devront abolir des postes et le marasme s’installera.

Le premier ministre essaie donc de nous convaincre que les temps seront moins pénibles si le Parti Libéral a le pouvoir de gouverner sans faire de compromis avec les partis d’opposition. Les projets de loi pourront être adoptés plus rapidement et la gestion quotidienne des affaires de l’état se précisera sans se précoccuper des députés de l’autre côté de la chambre. Comme le gouvernement du Québec n’a aucun pouvoir sur la politique monétaire canadienne et aucune influence sur les taux d’intérêt, je me demande bien quel est le plan de M. Charest. Laissez-moi deviner… des subventions aux entreprises en difficulté? Des crédits à des entreprises qui veulent investir au Québec? Ou peut-être une liquidation du patrimoine collectif… songerait-il à vendre Hydro-Québec? À privatiser les soins de santé encore un peu plus? Pourriez-vous m’expliquer pourquoi M. Charest désire devenir le grand capitaine avant que la crise économique commence à faire sentir ses effets? Ne me dites pas que tout est relié aux réserves budgétaires…

À en croire les journalistes et éditorialistes du groupe Gesca, le feu vert est donné par l’Empire Desmarais. Le journaliste Vincent Marissal réconforte le premier ministre en lui rappelant que c’est lui qui maîtrise le calendrier et que le « timing » est à son avantage. L’éditorialiste André Pratte a même choisi un titre sans équivoque: « Élections: un bon moment ».

Comme ce fut le cas lors des dernières élections fédérales, il faudra que les progressistes fassent preuve de vigilance. Je suis convaincu que l’establishment libéral songera sérieusement à organiser une vente de feu afin de garnir les coffres de l’état et redistribuer encore plus de fric vers les dirigeants des chambres de commerce. On dira que le temps est propice à la privatisation des services publics, aux partenariats publics-privés, à l’impartition et quoi encore.

On s’en reparle…

Photo: Dimitri P. – Flickr

15 Réponses to “Pourquoi un gouvernement majoritaire en temps de crise?”

  1. Alex said

    C’est drôle, mais les « fameuses » réserves budgétaires, je n’y crois pas. J’ai l’impression qu’on va apprendre que c’est allé dans les poches d’amis du premier ministre, de son entourage, etc. Mon Dieu que je suis cynique cette semaine ! 😛

  2. Moi je crois qu’il faut un gouvernement majoritaire. Avec un gouvernement minoritaire c’est toujours en train de chialer et ca n’avance pas. Des fois, eet encore plus dans une situation de crise, il y a des décisions qu’il faut prendre et qui ne sont pas populaires, mais avec la constante possibilité de renverser le gouvernement, il ne se passe rien.

  3. Du point de vu indépendantiste, je me demande s’il ne vaudrait pas mieux laisser les libéraux gagner les prochaines élections. Les péquistes étaient au pouvoir pendant la grosse crise de 1982-1983, le gouvernement a dû couper dans les salaires des fonctionnaires ( 3% sur un an ou 20% sur 3 mois), les péquistes ont perdus le pouvoir peu de temps après et le référendun ensuite.

    Je me demande si Pratte et Marissal ont pensé à cela !

  4. Un gouvernement libéral majoritaire est la pire chose qui pourrait arriver à l’économie québécoise, sans l’ombre d’un doute!

    L’idéal serait un gouvernement péquiste majoritaire avec une opposition officielle adéquiste et des libéraux quasi-inexistants (sauf Jean Charest et le West-Island, bon d’accord je rêve trop 😉 ) mais qui aurait la lucidité de ne pas trop s’occuper d’économie (de toute façon, l’État est une nuisance pour l’économie) pour préparer la prochain référendum.

    @Anti-Pollution

    Ce n’est qu’en partie à cause d’une récession que le PQ avait pris la décision de baisser les salaires des ronds-de-cuir, ce qui était une mauvaise décision, car ils ont violé les conventions collectives en vigueur. Et après ça on dit que le PQ couche avec les syndicaleux!

    Le PQ avait décidé de retarder cette décision à cause du référendum, malheureusement.

    De plus, le PQ a clairement démontré que, malgré leur étatisme que j’abhorre, ils gérent moins inefficacement l’État que la charogne soi-disant libérale.

  5. On voit vraiment la mentalité étatiste derrière l’affirmation de Charest corroboré par Rioux.

    Faut pas subventionner les artistes mais ils faut que le gouvernemaman stimule l’économie!

    Quelle incohérence!

  6. « Quelle incohérence! »

    Wow, Anarcho! T’es capable d’être poli!

    😉

  7. HAHAHA! 😉

    J’ai été TROP poli!

  8. lutopium said

    @Alex: Je suis certain que Mme Jérôme-Forget a quelques belles piasses à nous montrer avant le déclenchement des élections. Et quelques belles promesses. Moi, ce qui m’intéresse ce sont les arrières-pensées de M. Charest.

    @Christian: Personnellement, je trouve que l’Assemblée Nationale se débrouille et qu’un statut minoritaire peut empêcher quelques dérapages. Malgré que le PQ et l’ADQ ont laissé passer Rabaska et les décrets de M. Couillard… Qui aimerais-tu voir en position majoritaire?

    @AntiPollution: Je suis certain que Jean Charest a un plan. Est-ce que Mme Marois stoppera les ambitions du Parti Libéral ou poursuivra-t-elle la séduction du centre-droit?

    @Anarcho: Je ne crois pas que le PQ irait aussi loin dans la privatisation des services publics que le Parti Libéral. Je ne sais trop pourquoi, j’ai l’impression que Jean Charest pourrait céder aux pressions des lobbies économiques et commerciaux qui proposent la privatisation d’Hydro-Québec, de la SAQ, des universités, du transport en commun, et j’en passe… Un élément commun: l’ouverture au privé dans le domaine de la santé.

    @Renart: il s’est assagi l’Anarcho!

  9. J’ai écouté hier soir en reprise la période de questions en chambre, on a posé quelques question à la ministre des finances du parti libéral mais jamais elle n’a répondue avec clareté! Toujours évasive au sujet des chiffres a donner.
    Moi aussi je me méfie…du capitaine de ce navire!

  10. En tant de crise, ça prend un gouvernement majoritaire…péquiste!

  11. temps

  12. lutopium said

    @Anarcho: En temps de crise, c’est le moment idéal pour les citoyens comme toi et moi de s’impliquer et renverser la vapeur.

  13. @Anarcho
    « Faut pas subventionner les artistes mais ils faut que le gouvernemaman stimule l’économie!  »

    Fait moi pas dire des choses que je n’ai pas sites.
    Je ne dit pas qu’il faut couper les subventions aux artistes, mais ne pas subventionner ad-vitam-eternam des artistes qui ne vivraient pas autrement, parce que sans aucun talent.
    Et je n’ai jamais dit non plus que le gouvernement devait être ultra interventionniste. Je suis contre l’Etat-nounou à la PQ, vous avez déjà oublié MIL davie et la Gaspésia? Relis le message

  14. Paul Villemure said

    Jean Charest déclenche des élections sous prétexte d’une crise économique majeure qui s’annonce.
    En Europe, plusieurs pays sont en récessions, l’économie des USA est en piètre état, puis nous…
    Jean Charest n’arrête pas de faire des promesses avec des millions, des milliards, puis encore des millions (L’économie d’abord). Quoi, est-ce qu’on a des poignées dans le dos pour se faire acheter des votes en pleine crise économique.
    Ça vole bas, très bas même, c’est nous prendre pour je ne sais quoi…
    Pire encore, aucun projet de société… seul le cash parle…
    Du vrai mépris pour les citoyens…
    Paul

  15. MArc said

    En faisant porter sa campagne uniquement sur l’économie, Jean Charest a fait volontairement le choix de ne pas parler de l’avenir du Québec, pariant sur la prudence légendaire des Québécois. En fait, Jean Charest profite de la crise actuelle et du discours des chroniqueurs financiers qui recommandent aux contribuables de ne rien faire qu’ils pourraient un jour regretter. Quand la bourse baisse, ce n’est pas le temps de vendre, mais d’attendre !

    C’est justement le discours que tient actuellement Jean Charest. Parce que l’économie va mal, ce ne serait pas le temps de se débarrasser d’un gouvernement dont nous ne sommes pas en mesure d’évaluer la vraie valeur. Parce que la crise mondiale brouille tout, y compris la lecture que pouvons faire de la situation, nous devrions attendre. Le programme de Jean Charest s’appuie sur un pur sophisme alimenté tous les jours par la Presse de Gesca. Son parti serait le meilleur pour gouverner, car rien ne nous prouve qu’il ne le soit pas. D’ailleurs, rien ne nous prouve que les autres partis seraient plus habiles que le sien !

    Comme les Québécois sont prudents et que les chefs des autres partis n’ont pas de meilleures recettes à offrir pour passer à travers la crise qui s’annonce sans trop de heurts – si cette recette existait, ça se saurait – il vaudrait mieux conserver le gouvernement actuel. Voilà le pari de Jean Charest. Voilà le leurre de la présente campagne. Ne rien changer que nous pourrions regretter, surtout ne rien faire qui pourrait nous plonger dans la misère !

    Exactement la même attitude que Georges W. Bush et Stephen Harper ont adoptée face à la présente crise économique lorsqu’ils opposent à Nicolas Sarkozy – celui-là même que vante Gesca – qu’il ne faut pas trop se hâter pour changer le système actuel, n’ayant pas la preuve qu’il n’a pas fonctionné. Rien ne permettrait d’avancer objectivement que le capitalisme a échoué. Pourquoi alors perturber encore plus ce que personne n’est en mesure de vraiment évaluer ? La prudence serait donc de mise en ces temps incertains. Ceux qui nous ont plongés dans cette crise majeure, nous exhortent maintenant de nous méfier de ceux qui prêchent pour le renouveau et qui veulent changer les règles du jeu. Plus d’État là où il y avait trop de privé serait un pari très risqué !

    Comme à l’époque du New deal, ne serait-ce pas le temps d’innover, de rêver de mieux pour nous et nos enfants, de plus de justice pour les travailleurs qui voient actuellement toutes leurs épargnes s’envoler pendant que les naufrageurs de l’économie se renflouent à même les coffres et les biens de l’État ? On se demande bien pourquoi il faudrait demander aux personnes qui ont provoqué cette crise de la résoudre.

    Or, Jean Charest est justement celui qui appliquait avec zèle, il y a cinq ans à peine, les dogmes appris de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan, sources de la présente crise, vendant sans vergogne le Québec à qui voulait bien l’acheter. Rien ne prouve qu’il ne continuera pas de le faire, une fois redevenu majoritaire. En fait, tout nous indique le contraire. Qui ne se souvient pas de la tentative avortée de vendre une partie du Parc provincial du Mont Orford ? C’est uniquement parce qu’il est devenu minoritaire qu’il a dû mettre fin à cette opération tant contestée par les contribuables québécois.

    Les projets du CHUM, du CUSM, de l’OSM, de l’UQAM, de l’autoroute 30 et tous les PPP qui sont dans les cartons des libéraux ne sont que le début d’une longue série de ventes de garage à nos frais auxquelles nous assisterons au cours des prochaines années si nous réélisons majoritairement un gouvernement de Jean Charest. Est-ce que cela correspond à la conception que se font les Québécois de la prudence en temps de crise ? Tout à fait le contraire de ce que recommandent nos courtiers alors qu’ils nous disent que ce n’est pas le temps de vendre, mais d’attendre.

    Avis aux Québécois prudents, si le passé est garant de l’avenir, tout nous indique que Jean Charest plantera sa pancarte « Québec à vendre » dès le lendemain des élections du 8 décembre prochain. Le pétrole du golfe St-Laurent, les hôpitaux, l’assurance maladie, les réseaux d’aqueduc des municipalités, les parcs provinciaux ainsi que les routes et les rivières du Québec seront mis aux enchères une fois qu’il sera réélu avec une confortable majorité !

    Il est clair pour quiconque s’ouvre un peu les yeux, que les solutions du privé qui n’ont pas fonctionné chez notre voisin du sud font partie du coffre à outils de Jean Charest. Alors que les Américains souhaitent maintenant plus d’État là où il y avait trop de privé, nous ferions exactement le contraire pensant que cela va arranger les choses. Jean Charest joue tout simplement à la roulette avec les actifs des Québécois.

    S’il est prêt à brader la propriété collective des Québécois, ce n’est certainement pas pour nous enrichir collectivement, mais bien pour satisfaire ses amis. Comme si devenir locataire avait déjà rendu plus riches nos hommes d’affaires. Pourquoi voudraient-ils devenir propriétaires de nos routes, de nos viaducs, de nos hôpitaux, de notre eau, de nos rivières, même du vent qui souffle sur le Québec, si cela allait les appauvrir ?

    Les Québécois devraient être informés qu’ils s’apprêtent à voter pour un gouvernement qui a l’intention de privatiser le Québec en entier. Grâce à Jean Charest nous allons bientôt devenir des locataires du Québec. N’est-ce pas le rôle de chien de garde de l’opposition dans la présente campagne électorale d’avertir les Québécois des dangers imminents qui les guettent ? Si devenir locataire rendait plus riche, ça se saurait ! En tout cas, ça ferait une bien belle publicité à afficher sur des pancartes électorales : Québec à vendre !

    Louis Lapointe

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