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Le sexe dans les médias : la complicité androgyne

Posted by lutopium sur 13 juin 2008

Après avoir lu quelques pages de l’avis « Le sexe dans les médias : obstacle aux rapports égalitaires » – rendu public mercredi par le Conseil du Statut de la Femme – je me suis demandé qui pouvait bien profiter du commerce du sexe auprès des adolescentes alors que la grande majorité des honnêtes gens ne peuvent renier les excès et les méfaits d’une industrie qui semble hors contrôle.

Évidemment, la grande majorité des hommes d’affaires banaliseront le phénomène en portant leur attention sur les profits et le retour aux actionnaires.  C’est en pensant aux femmes qui sont impliquées dans cette industrie que m’apparaissent certains paradoxes de la société québécoise.  Comment doit-on se comporter lorsqu’on est la seule représentante de la gent féminine sur le conseil d’administration du plus important éditeur de magazines destinés aux adolescentes ?  J’aimerais bien demander à Mme Françoise Bertrand si les revues Star Système et Cool sont consultées par les jeunes filles de son entourage familial et si les clichés photographiques ont un impact sur leur comportement.  Même si je comprends l’importance de participer à la réussite de l’empire Quebecor et de son rôle en tant que présidente de la Fédération des chambres de commerce, je n’arrive pas à saisir pourquoi elle accepte d’être complice dans ce marchandage anorexique.

En tant que femme, est-ce que Julie Snyder est confortable avec la promotion du rêve hollywoodien?  Comment peut-elle faire croire aux jeunes filles que tout est possible si elles ont un beau corps et une facilité à décrocher un sourire insignifiant sur demande?  On dirait bien que Mme Snyder et l’équipe de production du Banquier prennent les gens pour des valises.  Nous faire croire qu’un passage à un quiz peut conduire vers une carrière internationale de mannequin, c’est vendre un  rêve impossible.

C’est probablement le plus grand malaise que l’on retrouve dans les magazines pour adolescentes et dans certaines émissions de télévision : le culte de la vedette.  Il ne faut donc pas sous-estimer l’impact de cette obsession dans les problèmes soulevés par le Conseil du Statut de la Femme.  Rêver de devenir mannequin, interprète ou actrice sera malheureusement associé aux modèles propagés par l’industrie : minceur, beauté et apparence « sexy » comme le suggèrent la majorité des stars présentées dans ces revues et émissions de télévision.  Le vrai talent perd son importance pour faire place à l’image facilement commercialisable.  Une société est malade lorsque ses symboles de réussite sont personnifiés par des Paris Hilton et des Britney Spears…

Une des recommandations de l’avis du CSF vise dans le mille : « Le Conseil souhaite voir se resserrer les règles d’application des normes en matière de stéréotypes sexuels dont se sont dotés les diffuseurs et l’industrie de la publicité ».  L’industrie pourra certainement réaliser ses profits sans pour autant court-circuiter la croissance naturelle des adolescentes.  J’espère que les femmes qui œuvrent dans ces domaines sauront rappeler à leurs confrères assoiffés de fric et de gloire que la diffusion d’images artificielles et le culte du vedettariat peuvent détruire cette belle période qu’est l’adolescence.

Illustration : Sebastian Fritzon – Flickr

9 Réponses to “Le sexe dans les médias : la complicité androgyne”

  1. J’aimerais bien te reprendre ici avec Britney, puisqu’elle symbolise aujourd’hui, avec sa déchéance médiatisée au possible, l’échec, si on peut dire psychologique, du Girl Power basé seulement sur le culte de l’apparence. Il est évident qu’elle s’est accrochée à son image péripatéticienne, qui était en réaction à son image de la bonne petite fille…

    Donc, oui, elle est un exemple, mais pas au même niveau que Paris Hilton, même si pour sa part le vide qu’elle dégage est propice à faire beaucoup d’écho… écho… écho… et est aussi problématique.

    Le but de mon intervention est d’aller au-delà des apparences, justement.

  2. lutopium said

    Salut Renart. Ce qui m’écoeure le plus, c’est de réaliser que des gens qui se disent honnêtes et qui sont adulés par le public ne considèrent pas le mal qu’ils (elles) peuvent faire en poursuivant cette course aux dollars. Quebecor est le symbole québécois du commerce sans principes. Des magazines qui font la promotion du culte de la star et qui diffusent ces images de la petite fille parfaite… Une télé et un quotidien populistes qui propagent la peur et même la haine… J’espère que Mme Bertrand, en tant que femme et avec son expertise des médias (elle a dirigé le CRTC et Télé-Québec), osera se lever à une des sénaces du conseil d’administration de Quebecor pour dénoncer les « bassesses » utilisées chaque jour par les médias de cet empire. Si on tient à changer le monde, il est impératif que les médias cessent de jouer à l’autruche en se justifiant ad nauseam avec la profitabilité et la rentabilité. J’en ai marre.

  3. MFL said

    Excellent billet! Brillant et pathétiquement vrai…
    Le fait est que tout fonctionne encore et toujours sur le principe de l’offre et la demande! À toute offre c’est qu’il y a une demande et s’il y a demande c’est qu’il y a offre. Un cercle qui n’est pas facilement « brisable »… car tant que l’argent sera un enjeu, on vendra des corps comme on vend du rêve… et il y aura preneur(E)!

  4. lutopium said

    Merci MFL. Il n’y a que la soif de s’enrichir qui justifie certaines de ces publicités hypocrites…

  5. Y-man said

    une des choses qui arrive dans le monde corporatif c’est que pour une femme parvenir au sommet veut souvent dire changer ses ou certains de ses comportements et les claquer sur ceux des hommes. L’image de la femme objet vend alors des revues comem Star system et Cool carbure à ce genre d’image, madame Bertrand aurait beau essayer de vendre l’idée cela jouerait contre elle à la fin. La seule place ou j’ai vu que ce genre d’exploitation d’image et surtout des préjugés envers la femme n’était pas prisé c’était à un endroit ou les femmes étaient majoritaire à la direction et c’est endrit sont plutôt rare.
    C’est un cercle vicieux ou la femme est obligé d’entrer dans le moule pour grimper et une fois qu’elle commence à gravir les échelons il devient difficle de reculer si elle veut continuer de grimper. Argent et pouvoir sont de bien difficle appât à se défaire une fois accroché. Ce problème de l’exploitation de l’image de la femme n’est pas seulement en surface, c’est systémique parce que la réponse pour plusieurs ne se retrouve que le jeudi quand ils ouvrent leur envelope du chèque de paye

  6. lutopium said

    @Y-Man: à mon avis, le monde se porterait bien mieux si les femmes avaient accès au pouvoir au même titre que les hommes en autant qu’elles puissent demeurer ce qu’elles sont.

  7. Y-man said

    pour avoir travaillé dans une organisation ou la haute gestion était très majoritairement féminine avec une vision féminine (parce qu’il y a des femmes qui ont une vision masculine)disons que certaines choses étaient différentes, d’un coté l’appétit du pouvoir avec tout ces effets négatifs est moins fort au féminin mais l’atteinte de l’objectif était plus flou au féminin.
    Une chose certaine il y aurait certainement moins de guerre si le président des États-Unis s’appelait Georgette Bush

  8. Il est bizarre de constater qu’on s’attaque à un phénomène bien que grave tout de même marginal dans l’anorexie et la boulimie alors que c’est plutôt l’épidémie d’obésité et de sédentarité qui devrait nous préoccuper chez les jeunes…

    Allez hop, un petit tour en vélo

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