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Marcel Boyer, l’IEDM, Gesca et la privatisation d’Hydro-Québec

Posted by lutopium sur 9 août 2008

On se demande encore une fois quelles sont les vraies raisons qui motivent ce professeur de l’Université de Montréal à préparer le terrain pour la privatisation d’Hydro-Québec.  Dans son plus récent billet financé par l’Institut Économique de Montréal et gentiment publié par La Presse le 6 août dernier, le docteur Marcel Boyer déplore la timidité de la demande de hausse de tarifs qu’Hydro-Québec s’apprête à déposer devant la Régie de l’Énergie.

Prenant la défense des consommateurs et des citoyens québécois (…), M. Boyer est sans équivoque : « …le maintien du prix de l’électricité à un prix inférieur à cette valeur appauvrit le Québec en favorisant une mauvaise affectation des ressources et des investissements, trompant les citoyens, freinant l’innovation… ».  Je me demande bien comment une (autre) hausse de ma facture d’électricité contribue à mon enrichissement et à l’assouplissement de mon « fardeau fiscal »!  D’un côté on exige la réduction des impôts alors que de l’autre on fait la promotion de l’approche utilisateur-payeur…  On voit le jeu!

Peut-on faire un lien entre ces nouvelles propositions et le papier que notre professeur a publié dans le quotidien Le Soleil le 29 août 2007 où il suggèrait – accompagné par l’ex-président de la Standard Life, M. Claude Garcia – de privatiser Hydro-Québec afin d’ « améliorer l’efficacité énergétique du Québec et la santé de nos finances publiques »?

Suis-je le seul à imaginer que certains espèrent une augmentation des tarifs d’électricité avant sa privatisation afin que l’opinion publique n’associe pas cette même augmentation à une conséquence de sa privatisation?  L’aristocratie désire donc que les tarifs québécois rejoignent la moyenne nord-américaine afin d’assurer la profitabilité de cette nouvelle entreprise privée?  Au profit de qui au juste?

Est-il nécessaire de rappeler encore une fois que M. Boyer travaille sous la direction de Mme Hélène Desmarais, fille belle-fille de Paul, grand manitou de Power Corporation?  Que les deux journaux qui publient ses papiers sont la propriété de Gesca, filiale à 100% de Power Corporation?  Doit-on inclure dans la synergie de cette propagande que Power Corporation est un actionnaire important de Suez Energy North America qui se positionne comme un « fournisseur agréé de distribution d’électricité et de services connexes pour les clients commerciaux et industriels des Etats-Unis »?

Y’a pas que Laliberté et ses nouveaux partenaires de Dubai qui sont habiles dans l’art du cirque, trouvez-pas?

Photo : zeNMT – Flickr

26 Réponses to “Marcel Boyer, l’IEDM, Gesca et la privatisation d’Hydro-Québec”

  1. Bon texte Lutopium, mais Hélène Desmarais serait l’épouse de Paul, le fils.
    Source ici
    http://www.ledevoir.com/2005/02/23/75514.html

  2. lutopium said

    @AntiPollution: tu as absolument raison, mon erreur… D’ailleurs, est-elle la fille de Jean et Aline Chrétien? J’en perd mon latin avec la composition de la nouvelle aristocartie « canadienne-française »…

  3. Encore du bon travail mon cher!

  4. Excellent billet, Lutopium!

    De toute façon, la privatisation d’Hydro-Québec est prématurée et de toute façon, Môssieu Tort-Boyau et le fou furieux à Garcia prônent un monopole privé pour Hydro-Québec, ce qui serait encore pire! D’ailleurs, j’attends toujours une dénonciation de la politique militariste du Cacanada de la part de l’IEDM!

    Dire qu’il y a des libertariens qui sont en faveur de cette idée de fou. Libertarianisme vulgaire…

    Quel hystérique ce Claude Garcia!

  5. Belz said

    Très bon texte lutopium!

    Je vois les choses comme toi, mais j’irais plus loin: en forçant les gens à payer plus cher, on les désolidarise d’avec Hydro-Québec. Concrètement, le citoyen en viendra à se dire qu’il n’y a aucun avantage pour lui à ce que Hydro-Québec existe.

    Personnellement, je suis pour des tarifs variables en fonction des revenus. Et plus bas, évidemment. Nous devons profiter de ce monopole!

  6. tymmachine said

    « Je me demande bien comment une (autre) hausse de ma facture d’électricité contribue à mon enrichissement et à l’assouplissement de mon « fardeau fiscal » »

    Bon je fais malheureusement parti de cette horde de gens qui versent sûrement dans le libertarisme vulgaire comme dit l’Anarcho.

    Cependant, tentons de voir les choses sous un autre oeil.

    Un des principaux problèmes d’Hydro-Québec est qu’elle ne vend pas assez cher son électricité. Et qui en profite le plus selon vous? Les riches évidemment à commencer par les alumineries qui à l’image de Bombardier menacent de « crisser leur camp » du Québec si on leur hausse les frais d’électricité.

    Ce manque à gagner nous coûte cher collectivement, très cher. N’oublions pas ici que c’est une forme de BS, une forme de subvention que de payer son électricité à vil coût pour ces compagnies. Si au moins elles en étaient reconnaissantes de ce cadeau qu’on leur fait, mais non à chaque fois elle laisse planer la menace que si on ne leur accorde pas tous ce qu’elles veulent, les jobs pourraient partir en fumée.

    Or je vais être d’accord sur un énoncé gauchiste ici, si on vous accorde disons 5% de rabais sur une facture, le rabais sera bien plus gros si vous achetez pour 1 million que si vous achetez pour 100$ right?

    Or la solution à tout cela selon moi c’est effectivement de hausser les tarifs d’électricité et de redonner sous forme de dividendes et de partage de profits au citoyen qui aurait payé en excès des frais d’électricité selon son revenu déclaré dans ses impôts assumant bien sûr que le citoyen soit assez honnête pour ne pas tout faire au noir.

    Cette façon de faire serait beaucoup plus avantageuse collectivement que la façon actuelle où les avantages du riche dépassent largement tout ce que le pauvre peut aller chercher.

  7. lutopium said

    @Renart: merci, c’est gentil…

    @Anarcho: merci! On se rejoint là-dessus…

    @Belz: merci! Et ton argument est extrêmement pertinent… merci.

    @Tym Machine: Êtes-vous certain que l’IEDM est préoccupée par le tarif payé par le consommateur? Permettez-moi d’en douter… De plus, d’autres chercheurs de l’Institut prônent une réduction des impôts et l’approche utilisateur-payeur. Donc, pour un citoyen qui gagne $40,000 par année (salaire moyen approximatif au pays), on est prêt à baisser ces impôts pour lui redonner, par exemple, $200 sur sa déclaration d’impôts. Si je suis votre exemple, on pourrait hausser les tarifs et ça lui coûterait $200 de plus annuellement. Où est le gain sur le pouvoir d’achat de cet individu? Argument simpliste, j’en conviens, mais je crois que ce sont les riches qui profiteraient de cette approche. Un contribuable qui ne paie pas d’impôts parce qu’il est payé au salaire minimum serait le grand perdant. C’est un pourcentage important de la population de l’île de Montréal par exemple.

    Pour ce qui est de l’établissement des tarifs, c’est une autre question en soi. L’approche d’Hydro-Québec, en respect de son patrimoine dessiné par la nationalisation et la démocratisation de l’électricité au Québec, fait en sorte que le service est vendu de façon équitable en autant que la société dégage des profits. Elle vise des bénéfices nets de l’ordre de 2.6 milliards pour 2008… Les trois provinces (Québec, Manitoba et C.-B.) canadiennes qui offrent les plus bas tarifs sont celles qui utilisent l’hyrdoélectricité, moins coûteuse que les autres sources d’énergie (gaz, charbon, pétrole…). Devrions-nous être pénalisés parce que notre source d’électricité coûte moins cher à produire? Pour ce qui est du chantage des industriels, je suis d’accord avec vous. H.-Q n’a pas à offrir des escomptes démesurés aux grandes entreprises sous la menace du déménagement de ses activités. De toutes façons, les acteurs du secteur primaire raffolent de notre aluminium et autres éléments…

    Finalement, j’aimerais rappeler que ce billet visait principalement à soulever la question: « quelles sont les vraies raisons qui amènent l’Institut à prôner une augmentation des tarifs et la privatisation d’Hydro-Québec? » Je crois qu’il est important de bien comprendre ici tous les enjeux, voire les conflits d’intérêt. Est-ce que l’Institut, appuyé par le mégaphone financier de Gesca (Power Corp.), souhaite également une hausse de tarifs afin de permettre à l’industrie de l’exportation de gaz naturel à être plus compétitif sur le marché de l’électricité américain? Encore une fois, y’a-t-il un lien à faire entre ces propositions et le fait que Power Corp. (par sa participation dans Gaz de France) se lancera bientôt dans la distribution de gaz naturel, grâce au projet Rabaska qui sera prêt à vendre du gaz russe vers les États-Unis dans quelques années?

    Il est donc important d’être extrêment vigilents et de ne pas devenir les dindons de la farce parce qu’il faut respecter les sacro-saintes lois du marché, telles que préconisées par l’OCDE…

  8. Manx said

    Moi, je proposerais plutôt un tarif progressif. Les x premiers kilowattheures coûteraient 6cents/kWh. Les y suivants sont à 7.5cents/kWh (c’est moins cher que dans la majorité des coins d’Amérique). Ce taux s’appliquerait à toutes les habitations. Pour les entreprises, d’autres balises devraient être appliquées avec des closes spéciales pour certains domaines énergivores, comme l’aluminium.

    P.S. Les alumineries sont très liées au Québec. Ce n’est pas une subvention déguisée, mais plutôt un crédit d’impôt. C’est la loi du libre-marché que les états doivent prostituer leurs principes au nom de l’emploi. Si on n’offre pas d’électricité à bas prix (faire de l’aluminium demande des quantités phénoménales d’énergie), les alumineries iront tirer bénéfice de lieux où la main d’oeuvre est à bas prix à la place. C’est la loi du libre-marché, et si on vit dans un monde qui tend vers cela, il faudra continuer à prostituer nos principes au nom de la croissance. Et le faire de plus en plus, en fait.

  9. Richard Lépine said

    Desmarais/Suez/IEDM et… les riches se marient entre eux et gardent leur richesse tout en faisant fructifier leur immense fortune. Oui, Paul Desmarais (le deuxième) est membre du conseil d’administration de Total SA et de Suez. Mais Paul Desmarais (le troisième et petit-fils) vient d’améliorer considérablement la lignée (?) financière en épousant, le 5 juillet dernier, Mary Dailey Patte dont le père est Président de Merrill Lynch et Directeur général de Map Capital Corporation. Ce ne sont pas des cancans: le tout a été annoncé un peu partout, le lendemain…
    Je vous invite tous et toutes à lire le numéro 99 de la revue Manière de voir intitulée « L’Internationale des riches » ainsi que le Figaro magazine du 18/07/2008 qui parle en long et en large des nouveaux milliardaires, de leurs alliances et de leur propension à faire l’étalage d’une richesse pour le moins indécente.

  10. « Moi, je proposerais plutôt un tarif progressif. Les x premiers kilowattheures coûteraient 6cents/kWh. Les y suivants sont à 7.5cents/kWh (c’est moins cher que dans la majorité des coins d’Amérique). Ce taux s’appliquerait à toutes les habitations. Pour les entreprises, d’autres balises devraient être appliquées avec des closes spéciales pour certains domaines énergivores, comme l’aluminium. »

    Bon point Manx! Et pas besoin de privatiser pour ça.

    Les entreprises devraient payer le même prix que les particuliers.

    Manx, ce que vous décrivez comme étant un libre-marché n’en est pas un. Le libre-marché est le principal ennemi du capitalisme, du moins sous sa forme étatiste actuelle.

  11. @Tym Machine

    Attention! Quand je parle de libertarianisme vulgaire, je parle de ceux qui prônent la monopolisation privée de Hydro-Québec ou de ceux qui veulent augmenter les tarifs pour tous, y compris les plus pauvres.

    Par contre, si on appliquait la proposition de Manx, ça serait tout à acceptable et dans cette optique, je suis d’accord avec vos explications.

  12. Richard Lépine said

    Presque 16% d’augmentation depuis 2004 si on additionne simplement les hausses obtenues par H-Q
    depuis 2004… Mais est-ce ainsi que cela se calcule dans la vraie vie sur le compte reçu? Suis-je le seul à me poser la question? Si j’ai une augmentation de 3% sur un compte xxx$ et que l’année suivante je dois faire face à une autre augmentation de (disons) 2%, celle-ci ne se calcule-t-elle pas sur un un compte de xxx$ + 3% et ainsi de suite jusqu’à aujourd’hui…?
    Ne dit-on pas que la facturation est l’antichambre de la privatisation? Et si c’est le cas, la facturation excessive est certes un autre moyen de favoriser en catimini, en sournois, en hypocrite, sous le manteau, sans le dire, comme en santé, la désaffection de la population pour un instrument du bien commun.

  13. Frankie said

    J’aime bien ces billets-là.

    Je vais entrer dans des termes UN PEU techniques. L’alimentation électrique résidentielle se fait grâce au système SWER (Single Wire Earth Return). En résumé, le principe, c’est après que la haute tension soit entrée dans le transformateur (la bébelle cylindrique grise suspendue en haut du poteau) et ait passé au travers toute la bobine primaire, le retour du courant descend le long du poteau par la mise à terre en cuivre et va jusqu’à six mètres dans le sol. Après, le courant, à même LE SOL, retrouve la mise à terre du transformateur principal d’alimentation (d’isolation). Autrement dit, il n’y a pas de câble pour le retour du courant (question de fermer le circuit)… c’est le sol terrestre qui s’en charge.

    Outres les inconvénients pour l’environnement et pour la santé à long terme, je crois personnellement que c’est une erreur de fonctionner avec le système SWER. À la base, ils ont choisi ce système pour économiser sur l’achat de fils de cuivres supplémentaires (ajout d’un pôle à chaque fois). Le problème, c’est que sur une longueur considérable, le sol devient une résistance aussi considérable. Donc, beaucoup de puissance dissipée dans le sol (en watts). En termes plus clairs, c’est beaucoup d’énergie perdue.

    Si on faisait un réseau électrique qui serait plus économique, premièrement, nous pourrions garder des tarifs bas, l’Industrie qui utilise du courant triphasé (3 transfo. + retour), gaspille moins d’énergie que l’on pense, et qu’en bout de ligne, NOUS, étant économiques, environnementaux et efficaces, les représentants de l’IEDM ne pourraient que fermer leurs grandes trappes …

  14. Privatiser Hydro-Québec? Jamais!

    Ces belle théories économiques, toujours tordues, émanant du secteur privé n’ont rien à voir avec le bien-être collectif, jamais. Les intérêts privés sont les intérêts privés, sans plus!

    Bravo pour ce billet. Il suffit bien souvent de mettre à jour les véritables promoteurs d’idées pour comprendre les buts.

    Accent Grave

  15. lutopium said

    @Manx: À moins que je me trompe, H.-Q. utilise déjà un « tarif progressif »… Sur ma facture, on indique que les 30 premiers kWh par jour sont à 0,0529$ et le reste de la consommation à 0,0703$. Pour ce qui est des industries du secteur primaire ou tout autre joueur qui utilise beaucoup d’électricité, il est important qu’Hydro fasse preuve de bon sens sans pour autant tomber dans le chantage à outrance…

    @Richard: tiens, une union Desmarais – Merril Lynch… justement ceux qui fournissent une partie du fric pour « privatiser » – dans le sens de retirer du marché boursier – Bell Canada. J’aimerais bien mettre la main sur ce numéro de « Manières de Voir », j’y ai pensé trop tard. Tu me le passes?

    @Anarcho: le libre-marché sous sa forme étatiste… tu lâcheras jamais!

    @Frankie: wow, merci pour ces informations techniques… Et les concepteurs de réseaux électriques, ils ne sont pas au courant (…) de cette approche?

    @Accent Grave: merci pour les bons mots, c’est apprécié. Si jamais le PLQ parle sérieusement de privatiser H.-Q., j’en connais une gang qui sortiont dans la rue!

  16. Frankie said

    « wow, merci pour ces informations techniques… Et les concepteurs de réseaux électriques, ils ne sont pas au courant (…de cette approche? »

    En fait, le système SWER a été conçu pour des raisons d’argent (économies instantanées sur l’infrastructure), et pas pour des raisons d’efficacité. À long terme, H-Q perd énormément ; surtout en gaspillage d’énergie qui est juste bon à augmenter les GES.

    La puissance perdue par un seul transformateur de distribution :

    Puissance = Résistance x (Intensité)²
    Puissance = (30 mètres x 100 ohms/mètre) x (8 Ampères)²
    Puissance = (3000 ohms) x (8 Ampères)² = 192000 watts

    Donc, le nombre de kilowatts-heure perdus dans une seule année pour un seul tranfo ;

    ((192000 watts x 24 heures x 365.25 jours / 1000)) = 1.68 million de kilowatts-heure de perdus annuellement.

    Mais ça, c’est comme les entreprises qui fabriquent les téléphones cellulaires : ils sont au courant de l’aspect nocif de leur produit, pourtant, ils nous en vendent à tonne. Faut croire que l’argent et « l’utilité » passent avant la santé publique et l’environnement …

  17. La privatisation d’Hydro-Québec, je suis contre. Et il est vrai que des gens de l’IEDM pensent très sérieusement à cette possibilité: je l’ai déjà entendu dire pendant une conférence donnée par l’un des membres de cette clique.

    De là à dire que l’augmentation des tarifs hydro-électriques représente une tactique pour justifier une telle transaction vers le privé, il y a un pas. Jusqu’à preuve du contraire, c’est la Régie de l’énergie qui gère nos tarifs, et non l’IEDM. Je ne pense pas que figure au mandat de celle-ci le devoir d’oeuvrer à la privatisation à long terme de notre compagnie d’électricité publique.

    Je suis pour la hausse des frais, mais pas n’importe quelle hausse. Se fixer pour objectif l’atteinte des prix du marché américain serait loin d’être sain. Mais, comme je l’ai déjà dit, il y a d’autres façons de faire. Nous avons la chance de détenir une tarification différenciée: les 40 premiers kilowatts-heure, considérés comme requis pour les besoins de base, sont vendus beaucoup moins chers que ceux qui suivent, pour le « luxe ». Ces palliers sont peut-êtres mal définis; dans l’idéal, on tiendrait également compte du nombre d’occupants de chaque édifice desservi par Hydro-Québec pour la tarification préférentielle. Il n’en demeure pas moins que l’on pourrait facilement laisser la tranche inférieure à un prix faible, et augmenter la supérieure pour refléter les impacts réels de la surconsommation énergétique tout en remettant les pendules à l’heure sur la nature « luxueuse » de cette consommation en excès, qui est principalement l’appanage des mieux nantis. On pourrait même penser à un troisième tarif, celui-là assez près des prix américains, pour la consommation au-delà de seuils élevés. Peut-être que les gens y penseraient à deux fois avant d’allumer des guirlandes de Noël par -25°C, quand tout le monde doit se chauffer et faire cuire le souper, ou à utiliser un chauffe-eau électrique pour la piscine quand un simple tuyau noir enroulé sur un toit ensoleillé fait très bien le travail quand l’eau y circule. Et je ne vous parle pas des spas extérieurs chauffés en plein hiver… Je serais étonné de voir combien de personnes travaillant au salaire minimum s’offrent ce genre de folies!

    Cette augmentation des tarifs, outre ses vertus de conscientisation face à la consommation, donc d’incitatif à l’efficacité énergétique, donnerait une bouffée d’air frais aux finances publiques québécoises. Remboursement de la dette, réfection des infrastructures, coûts dans la santé et l’éducation, protection de l’environnement, financement de l’innovation: les secteurs requérant des fonds supplémentaires ne manquent pas. On pourrait également enfin investir au public dans l’énergie éolienne, de manière à harnacher les vents extrêmement puissants du Nord du Québec. Toute cette électricité supplémentaire pourrait être revendue aux Américains, qui ne sont pas trop regardants lorsque vient de le temps de payer leur énergie à prix d’or. Encore des fonds supplémentaires, et ce, sans augmenter les impôts directs ni nuire aux moins bien nantis.

    Il s’agit peut-être d’une vision idéaliste, mais je l’assume telle quelle.

  18. @Lutopium,

    « @Tym Machine: Êtes-vous certain que l’IEDM est préoccupée par le tarif payé par le consommateur? Permettez-moi d’en douter… De plus, d’autres chercheurs de l’Institut prônent une réduction des impôts et l’approche utilisateur-payeur. Donc, pour un citoyen qui gagne $40,000 par année (salaire moyen approximatif au pays), on est prêt à baisser ces impôts pour lui redonner, par exemple, $200 sur sa déclaration d’impôts. Si je suis votre exemple, on pourrait hausser les tarifs et ça lui coûterait $200 de plus annuellement. Où est le gain sur le pouvoir d’achat de cet individu? Argument simpliste, j’en conviens, mais je crois que ce sont les riches qui profiteraient de cette approche. Un contribuable qui ne paie pas d’impôts parce qu’il est payé au salaire minimum serait le grand perdant. C’est un pourcentage important de la population de l’île de Montréal par exemple. »

    Premièrement, la question à se poser c’est à quel point est-ce que l’IEDM est un facteur décisif dans les prises de décisions politiques. Sont-ils toujours ce dangereux lobby favorisant les PPP, les conflits d’intérêts et la sous-traitance réservée à des entreprises privées certes mais privilégiées par le système et les politiciens qui le contrôlent?

    Deuxièmement, une approche retour de dividende serait comme l’impôt payé en trop, tu n’en reçois pas si ton salaire est trop élevé ou tu en reçois en retour très peu. Est-ce qu’un riche pourrait être si avantagé par cela, je ne crois pas. Puisque si tu es riche et que tu décides à consommer en fou de l’électricité, ce n’est pas cela qui déterminera ton retour de dividende mais ton revenu annuel.

    Je reviens sur l’argumentation d’Alain Dubuc là-dessus et je sais que les pauvres vont souvent être les plus ardents militants à juste raison de geler les tarifs d’électricité mais à qui ça rapporte le plus? Au petit pauvre dans son 1 et demi ou au gros riche avec une grosse cabane, un gros chalet, une grosse piscine chauffée, etc. etc.

    On a juste à regarder comme je le disais le gaspillage éhonté d’électricité et le pillage de nos ressources naturelles achetées à vil prix par les compagnies qui viennent ici soit disant pour « créer de l’emploi ». Quelle bullshit.

    Ces entreprises viennent ici pour nos richesses hydro-électrique et en profite et repartiront quand on leur haussera les coûts d’électricité dans la figure.

    Au moins en Alberta, ils ont pas « nationalisé » ou « provincialisé » leur ressource naturelle la plus importante, le pétrole. Ils ont un beau heritage fund par exemple de rattaché à la ressource qui viendra à sec un jour et deuxièmement, le fait que ce soit géré par l’entreprise privée qui se doit de faire un « profit » pour survivre contrairement à un gouvernement qui peut être en faillite perpétuellement sans trop y voir les conséquences néfastes aussi directement qu’une compagnie privée. Autrement dit, eux, il la vende leur ressource, ils ne la donnent pas à vil prix aux compagnies qui viennent y faire de la business et la population albertaine n’est pas pour le moins en reste de tout cela avec pas de dette, pas de taxe provinciale sur les biens et services et un beau heritage fund qui empile les millions de dollars année après année question de se faire un beau bas de laine avec tout cela.

    Je vais dire comme Jean Charest: « Pourquoi ne pourrions-nous pas être l’Alberta de l’hydro-électricité? ».

  19. @Alexis,

    « Je serais étonné de voir combien de personnes travaillant au salaire minimum s’offrent ce genre de folies! »

    Je ne veux pas dérapper du sujet ici mais que vous avez raison là-dessus. Combien de gens, à commencer par moi-même, vivent au dessus de leurs moyens totalement.

    Loin de moi, l’intention de faire le procès de ceux et celles qui font le choix de fumer la cigarette comme style de vie mais à 10$ le paquet au salaire minimum, il doit y avoir un trou à quelque part. Quand tu gagnes 16 000$ par année et que tu es capable de budgéter 25% de ton salaire annuel brut juste pour ton fumage, on s’entend tu que dans les faits, tu n’as pas les moyens de ton addiction et que tu devrais prendre les grands moyens pour en venir à bout.

    Je comprends mieux les coûts invraissemblables de cette addiction, les pires étant au niveau de la santé lorsque je vois l’état des voitures de nos jeunes fumeux de cigarettes, des vieux bazous tout rouillés, mal entretenus, polluants autant que leur cigoune. Normal que tu puisses pas t’acheter un char, il y a 4000$ qui part en fumée chaque année de ton salaire brut.

    Salutations hors sujet.

    Tym Machine

  20. Richard Lépine said

    Tym, un peu plus de rigueur s’il-te-plaît. Serait-il possible de lier les intérêts économiques et les intérêts idéologiques en percevant d’une façon plus nette les liens d’intérêts de l’IEDM et de la finance (des noms, des noms)? Je dirais est-il possible se voir qui couche avec qui financièrement. Un heure de recherches sur internet permet de faire les dintinguos nécessaires si on n’a pas de parti-pris. Pour ce qui est des retours d’impôts, il faudrait qu’il y ait plusieurs niveaux d’imposition plus justes par rapport aux revenus. On n’est pas sortis du bois.
    Une série de livres a déjà été publiée: The Canadian establishement par Péter C. Neuwman. C’est dépassé, beaucoup, mais on savait qui nous faisait des petits dans le dos… À réécrire aujourd’hui, dans le nouveau contexte, certainement.

  21. lutopium said

    @Alexis: un incitatif pour réduire l’utilisation excessive de l’énergie n’est pas une mauvaise idée en soi. Les bains tourbillons, piscines chauffées, etc. pourraient également être accompagnés d’une taxe de luxe. Pour ce qui est du rôle de l’IEDM, disons que c’est un bon lobby.

    @Tym machine: Oui, je pense que l’IEDM est un joueur important sur la scène politique. Comme l’Institut Fraser, et autres mégaphones associés aux chambres de commerce et au conseil du patronat.

    @Richard: bien dit!

  22. @Lutopium

    Si l’IEDM et l’Institut Fraser prennent tellement de places selon toi sur la scène politique, pourquoi avons-nous toujours de plus en plus de grands programmes sociaux financés en tout ou en grande partie par l’État-providence (même sous le PLQ) ?

    Pourquoi même Mario Dumont dit ne pas croire réalisable dans la vraie vie les principes simples et prouvés d’économie de Milton Friedman, principes défendus par l’IEDM et Fraser ?

    L’Assemblée nationale est à gauche au Québec. Plus encore depuis que Charest a décidé de reculer sur tous les projets qu’il avait en 2003-2004.

    Pendant ce temps, on apprend que les nouvelles places en garderie subventionnées par l’État coûteront près de 13 500 $ par enfant au Trésor public (comparativement à 10 000 $ par année pour former un étudiant universitaire) et que les

    @Anarcho-pragmatique

    Il serait peut-être temps de changer ton discours…
    Ton « Libertarien vulgaire » que tu aimes bien attribué parce que tu as lu un bien-pensant anarchiste qui a écrit ça, ça gosse.

    C’est à peine mieux que certains indépendantistes qui trouvent rien de mieux que de te dire « T’es un souverainiste mou! », « T’es un méchant droitiste » ou « T’es un fasciste! » quand ils sont au pied du mur, à court d’arguments.

    Pour revenir à la discussion:
    Je crois pas que des tarifs différents d’électricité doivent s’appliquer selon la richesse ou l’apparence de richesse (apparence ne veut pas dire nécessairement richesse).

    Il est bien que tout ait un coût juste et égal fixé par la demande et l’offre pour les consommateurs.
    Un coût de l’électricité trop bas incite au gaspillage de la ressource (comme l’eau), sinon à la non-modernisation des équipements nécessaires à la distribution.

    Même les familles pauvres doivent penser à la rationalisation de l’électricité par des mesures pour réduire ou diversifier l’énergie nécessaire auparavant pour se chauffer ou s’éclairer.
    On leur envoie un message inverse en leur disant, vous ne serez pas touchés.

    À l’inverse, si on veut surfacturer ceux qui utilisent plus, on leur envoie le message qu’on ne veut pas d’eux ici. Des entreprises et des gens aisés vont se sentir eux aussi discriminés.

    http://archives.radio-canada.ca/economie_affaires/energie/clips/11607/

  23. Il s’agit bel et d’un raisonnement libertarien vulgaire lorsqu’on prône la MONOPOLISATION privée de Hydro-Québec.

    « À l’inverse, si on veut surfacturer ceux qui utilisent plus, on leur envoie le message qu’on ne veut pas d’eux ici. Des entreprises et des gens aisés vont se sentir eux aussi discriminés. »

    Ça fait des années que certaines grandes entreprises ont des tarifs préférentiels, putain!

    « Même les familles pauvres doivent penser à la rationalisation de l’électricité par des mesures pour réduire ou diversifier l’énergie nécessaire auparavant pour se chauffer ou s’éclairer. »

    Mieux vaut en rire!

  24. Le commun des mortels n’a aucune idée à quel point Hydro-Québec a des secrets…

  25. lutopium said

    Après une semaine de congé et des problèmes avec mon ordinateur (j’ai passé à Ubuntu, bye bye Nicrosoft et Windows, bon débarras), je suis de retour sur la blogosphère… Désolé pour le retard dans les réactions à vos commentaires…

    @Mathieu: L’IEDM fait un travail très efficace: nombreux articles dans les journaux, Marcel Boyer au Téléjournal, conférences. Même si leurs suggestions ne trouvent pas toujours preneurs, ils ne lâchent pas prise… Ils ont un financement efficace et sont très bien connectés, avec l’empire Desmarais par exemple… C’est drôle, les gens de la droite trouve le gouvernement trop à gauche et les gens de la gauche pensent le contraire… On n’est jamais satisfaits, n’est-ce pas? Merci pour les commentaires et reviens nous voir, les débats sont importants.

    @Anarcho: effectivement, drôle de concept. Comme si les gens vivant sous le seuil de la pauvreté pouvaient réduire leur facture d’électricité…

  26. Imaginez qu’il vous en a coûté 100 $ pour sortir une antiquité du fond d’un lac et que vous décidez de la conserver. Vous apprenez qu’elle vaut 1 millions $. Pour maximiser votre niveau de satisfaction, conserveriez-vous encore l’objet ou le vendriez-vous? Quelle que soit la décision que vous prendriez, votre base de décision maximisant votre niveau de satisfaction ne serait sûrement pas le coût d’acquisition de l’objet, mais bien sa valeur marchande.

    Les mêmes principes s’appliquent aux Québécois considérés globalement. En tant que propriétaires de l’électricité produite par Hydro-Québec, nous maximiserions en général (en moyenne) notre satisfaction en basant sur la valeur marchande (prix d’exportation ou prix marginal de production) de notre électricité nos choix de consommer nous-mêmes ou de vendre cette électricité à l’étranger et ce, malgré ses plus bas coûts de production et le fait qu’elle nous appartient. Or la seule façon de nous amener collectivement à faire des choix en fonction du coût d’opportunité de notre électricité est de nous la vendre à nous-même à cette valeur marchande.

    La question qui se pose alors est : Qu’adviendrait-il des surplus de revenus qu’Hydro-Québec réaliserait avec la tarification de l’électricité au coût d’opportunité de celle-ci? Seraient-ils dirigés davantage vers les plus démunis? les mieux nantis? les malades? les étudiants? les enfants maltraités?…
    Tant que l’on ne connait pas la réponse à cette question, il est impossible d’identifier qui sont, au net, actuellement favorisés et défavorisés par les bas tarifs d’électricité en comparaison de la situation qui prévaudrait si les tarifs d’électricité étaient augmentés au coût d’opportunité de celle-ci. Tout ce qu’on peut actuellement affirmer, c’est que globalement (ou en moyenne), les Québécois sont perdants avec de bas tarifs d’électricité.

    lecrible.blogspot.com

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