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Propres, les québécois parleront d’économie

Posted by lutopium sur 3 novembre 2008

À l’exception de la pluie de démissions qui frappe les partis politiques québécois, il va sans dire que c’est l’économie et la possibilité qu’elle nous tombe sur la tête qui occupe les débats politiques depuis quelques jours… Depuis qu’il a lancé la rumeur d’une élection générale, notre premier ministre a installé un climat de peur au Québec. L’avenir est tellement peu reluisant qu’une dizaine de députés ont décidé de prendre leur retraite!

Alors, on parlera d’économie. Le Parti Libéral essaiera de nous convaincre qu’il est essentiel pour le Québec de se doter d’un gouvernement majoritaire pour traverser une crise économique. N’essayez pas de parler d’autre chose, il faudra causer d’économie. Vous êtes préoccupés par la détérioration de votre planète? Oubliez ça, on parle d’économie.

De toute façon, on vous dira que l’environnement au Québec se porte bien. On vous parlera de cette étude, préparée par le ministère de l’Environnement, quelques jours avant le déclenchement des élections. On nous apprend que « …le Québec affiche toujours le plus faible taux d’émissions de gaz à effet de serre (GES) par habitant au pays… » À quoi bon parler d’environnement si notre province est un chef de file dans le domaine? Parlons d’économie, voulez-vous?

Les trois partis politiques nous inviteront à parler de développement économique. Tiens, pourquoi ne parlerions-nous pas du développement pétrolier dans le fleuve Saint-Laurent? Ça vous intéresse? Vous en voulez de la richesse? Et si jamais les environnementalistes dénoncent le projet, les libéraux n’auront qu’à sortir le bâillon, c’est efficace. C’est comme ça qu’on a étouffé l’opposition au projet Rabaska et maintenant pour museler l’activiste Alain Dubois qui pourrait ternir la réputation de Loto-Québec… Parlons d’économie.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que Jean Charest a de la suite dans les idées. Mercredi, il devrait se rendre chez le lieutenant-gouverneur afin de demander la dissolution de l’Assemblée Nationale et confirmer le lancement de la campagne électorale. Le lendemain, il prononcera un discours devant la Chambre de Commerce du Montréal-Métropolitain. En temps de crise, un chef d’état demande aux chaînes de télévision de lui donner une quinzaine de minutes afin qu’il puisse s’adresser directement aux citoyens. Mais notre premier ministre préfère rencontrer les membres de la Chambre de Commerce. Ils parleront d’un plan pour protéger la sécurité économique du Québec. Moins d’une semaine plus tard, Claude Garcia leur parlera d’une source d’enrichissement pour les citoyens du Québec : la privatisation d’Hydro-Québec. Ils ont de la suite dans les idées, non?

On s’en reparle mercredi. Ça sera probablement le dernier billet avant la campagne électorale et le début d’une absence de quelques semaines.  Combat oblige.

Illustration : Marc L’Espérance – Flickr

10 Réponses to “Propres, les québécois parleront d’économie”

  1. Combat oblige? J’espère qu’il s’agit d’un beau combat. Je te souhaite tout le courage nécessaire et toute la détermination que je te sais!

  2. lutopium said

    @C.-A. Bachand: je crois que ce sera un beau combat. Je me joindrai aux membres de Québec solidaire dans ma circonscription. L’objectif ne sera pas de faire élire un député mais bien de court-circuiter ce débat homogène où seule la croissance économique semble importante. Je crois que cette élection est une période idéale pour faire passer le message de Qs. Personnellement, je suis convaincu que le Québec serait aurait tout à gagner en envoyant quelques députés de Qs à l’Assemblée Nationale. Bonne campagne à toi itou et merci pour les encouragements, c’est apprécié.

  3. derteilzeitberliner said

    Je ne suis pas le citoyen le plus vert, mais ce que j’observe dans la vie de tous les jours me fait constamment douter ces bons résultats pour le Québec.

    Pense aux sacs de plastique gratuits dans les commerce ou au chauffage au bois, par exemple.

  4. Un pays pauvre ne peut pas se permettre de penser à l’écologie quand ses citoyens meurent de faim, ou sont sans travail.
    L’écologie, c’est une affaire de pays riches.

    L’économie doit avoir priorité, mais pas à n’importe quel prix.
    Il y a moyen de favoriser l’économie, et atténuer les impacts sur l’environnement, et quand ça va bien que que le pays est riche, alors tu peux te permettre d’en faire plus pour l’environnement.

    L’erreur a ne pas faire c’est favoriser l’écologie au détriment de l’économie. Certains extrémistes favorisent ce genre de raisonnement au point de favoriser la décroissance démographique (« ne faites plus d’enfants, la planète ne peux plus en supporter »)

    Même si il y a une certaine logique derrière une décroissance démographique, il n’y a pas une société accepterais de s’appauvrir pour sauver l’environnement. Par contre une société saine et riche peut se permettre de poser des actes qui sont bénéfiques pour l’environnement, ex: payer pour des sacs réutilisables au lieu des sacs plastiques gratuits, décontaminer des sites, etc. C’est imparfait mais c’est le seule voie possible pour le moment.

    D’un autre coté, il y a la dure réalité que personne ne veux voir. Notre planète a une capacité limitée pour subvenir aux besoins des humains. Selon une études (les chiffres sont cités de mémoire, mais c’est a peu près ça), notre planète peut soutenir 70 milliards d’humain, à condition de tous vivre comme le plus pauvre des paysans du Bangladesh. Par contre si on veut tous vivre avec le niveau de vie occidental, la planète ne peut supporter que 700 millions d’humains. Un jour, certains choix de vie seront nécessaires, mais pour le moment, personne ne veux même y penser.

  5. Manx said

    « Un pays pauvre ne peut pas se permettre de penser à l’écologie quand ses citoyens meurent de faim, ou sont sans travail. »

    Au contraire, il doit y penser, parce que ça ajoute une ressource exploitable et profitable.

  6. Manx said

    Woops… J’ai accroché le bouton « soumettre le commentaire ».

    De toute façon, le Québec est un pays riche.

    « L’erreur a ne pas faire c’est favoriser l’écologie au détriment de l’économie. Certains extrémistes favorisent ce genre de raisonnement au point de favoriser la décroissance démographique (”ne faites plus d’enfants, la planète ne peux plus en supporter”) »

    Si tu suis le processus Malthusien, ils ont entièrement raison. Au fait, les Malthus ne parlent pas souvent de la « capacité portante » de la Terre en termes de désastres écologiques que la planète peut prendre. Ils parlent plutôt de la production agricole. Comme la croissance de population est exponentielle et la production agricole a une croissance linéaire-quadratique, mathématiquement, il va arriver un moment où la production de nourriture deviendra un facteur limitant de la croissance démographique. Ça a été prévu dans le passé, mais la modification de l’agriculture a changé certains facteurs. La mécanisation et la révolution verte (la « green revolution », qui se traduirait plutôt par la révolution des graines) est en cause.

    Donc oui, c’est une problématique environnementale, mais on ne parle pas d’émissions de GES. On parle plutôt d’alimentation humaine.

    « Par contre une société saine et riche peut se permettre de poser des actes qui sont bénéfiques pour l’environnement, ex: payer pour des sacs réutilisables au lieu des sacs plastiques gratuits, décontaminer des sites, etc. C’est imparfait mais c’est le seule voie possible pour le moment. »

    J’espère que la vision des gens ici n’est pas que les sacs ré-utilisables de la SAQ et des épiceries les aideront à sauver la planète… Faire attention aux ressources, c’est une façon de les garder disponibles pour l’avenir et d’avoir un produit qui peut redevenir une richesse plus tard.

    @ Lutopium: Je t’encourage, ainsi que tous les environnementalistes, à se positionner en faveur de l’extraction de pétrole en Gaspésie. Chaque cargo à pétrole que l’on enlève de la voie navigable du Saint-Laurent et provenant des Émirats Arabes Unis est un bienfait environnemental. Il faut reconnaître que le Québec en a encore pour plusieurs années à dépendre du pétrole et que s’il en produit une bonne partie tout en diminuant sa consommation de combustibles fossiles, ce sera une bonne chose.

  7. lutopium said

    @Derteilzeitberliner: Le Québec est privilégié d’utiliser l’hydro-électricité. C’est ce qui explique en grande partie pourquoi nous polluons le moins. Nos émissions ont cependant augmenté depuis 1990. Il faut donc maintenant s’attaquer au vrais problèmes: le transport et certaines industries.

    @Christian: On se rejoint. Je crois cependant que les choix qui nous attendent seront drastiques et que nous devrons repenser ns façons de faire, richesse ou pas.

    @Manx: Je crois comprendre que l’extraction et le raffinage du pétrole dans notre coin de pays sera aussi pollutant que les sables bitumineux. Est-ce que ça en vaut le coup?

  8. @Lutopium
    L’extraction de pétrole à partir des sables bitumineux est très polluante. Par contre, d’autres sources, comme en Arabie Saoudite et le pétrole en Gaspésie requiers tellement peu de transformation que l’extraction et le raffinage est moins polluant.

    Le pétrole présentement extrait à Gaspé est tellement clair qu’on dirait du sirop d’érable. Il y a une légende urbaine que lors de la découverte de pétrole en Gaspésie, il y a plusieurs dizaines d’années, des gens en auraient mis directement dans un réservoir diésel de Jeep, sans raffinage…

  9. Universitaire exhibitionniste said

    Je ne suis pas sur de l’extraction, ses coûts et son raffinage. Une ACV mériterait d’être faite à ce sujet, mais instinctivement, je te dirais que je préfère un pétrole qui n’a pas traversé l’océan sur un bateau fonctionnant au pétrole.

    Le sol du Nord de l’Alberta (région de Fort McMurray) et celui de Gaspésie sont forts différents, d’ailleurs. Géographiquement, la Gaspésie se trouve bordée par le Saint-Laurent et son golfe, alors que Fort McMoney est plutôt proche de l’Athabasca. La qualité du produit et les coûts d’extraction (exhorbitants) ne seront pas les mêmes.

    Au fait, Junex voyait la possibilité de produire 20 barils de pétrole par jour en 2005. Avec un baril à 100$, ça représente 2000$ par jour (on est à une phase expérimentale et non une exploitation intensive, comme en Alberta). Mais Christian semble avoir raison; selon le pdg de Junex, le pétrole Gaspésien serait comparable à celui d’Algérie en terme de qualité.

    http://www.gaspesie.com/cgi/bulletin/article.cgi?no_article=4914

    « C’est un pétrole léger, regardez le pétrole qui vient d’Algérie, c’est à peu près le même genre de pétrole. Donc, c’est un pétrole qui va avoir quand même une portion en gazoline, en diésel, en fraction légère plus élevé qu’un pétrole plus lourd ».

  10. Manx said

    Coudonc, je suis bien perdu ces derniers jours ^^. C’est le nick de mon nouveau blog que j’ai employé pour le dernier message. Désolé de venir polluer ton blogue avec mes double-posts, Luto!

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